1. Les spectacles dont des images persistent dans la mémoire sont rares au cours d'une saison aussi je vous invite à assister à l'opéra Didon et Enée sur une partition (sublime) de Henry Purcell. L'affaire est mise en scène et chorégraphiée par Franck Chartier de la Cie belge Peeping Tom au Grand Théâtre de Genève jusqu'au 26 février. Je vous en reparlerai.

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  2. Ce soir, les (vieux) mods ont du vague à l'âme : Diana Rigg/Emma Peel les a plantés.  

    Formée à la Royal Shakespeare Company, Diana débute sa carrière d'espionne chic, pop et glamour dans la saison IV de The Avengers/Chapeau melon et bottes de cuir à la fin de l'année 1964. Elle remplace sans trembler la superbe Honor Blackman qui a tiré sa révérence. En deux saisons, Diana/Emma change pour toujours l'image de la femme dans les séries anglo-saxonnes. Si sa modernité séduit, sa sensualité explose et scandalise au point que la chaîne ABC - qui diffuse The Avengers aux Etats-Unis - refuse l'épisode culte Le club de l'enfer (ci-dessus) où elle apparaît en maîtresse SM. Ce même diffuseur exige que son nombril soit caché par une pièce de monnaie (photo 1) dans Du miel pour un prince. Habillée - entre autres - par le brillant designer et styliste mod et pop John Bates, elle a fait découvrir à ma génération et celle de mes parents le new style britannique mis en valeur grâce au passage à la couleur de la cinquième saison tournée en 35mm.

    Un hommage en images à notre reine des espions.

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  3. Du Web chronophage et un peu vain, il faut savoir s'extraire pour oublier un temps ses décors virtuels et ses illusions, ses artifices et ses gimmicks au risque de se faire happer "à mort" comme la malheureuse Carry Daumery (scan 1) dans The Last Warning réalisé par Paul Leni pour Universal en 1929. Imprégné d'influences expressionnistes bien intégrées, après avoir tourné Le Cabinet des figures de cire avec Conrad Veidt en 1924, le réalisateur quitte l'Allemagne pour la Californie où il est parrainé et produit par le visionnaire Carl Laemmle.
    La bande-annonce de la version restaurée qui comporte des plans inventifs très soignés comme le montrent les captures d'écran ci-dessus.

    Avant de mettre le blog en vacances, je vous propose de rester quelques minutes encore dans une ambiance rétro noir/blanc avec la vidéo du titre Radio par les "incontrôlables" Rammstein qui viennent de provoquer un assez joli scandale chez les esprits frileux et les donneurs de leçons avec leur mise en images percutantes de Deutschland, une composition dans laquelle le groupe dit son rapport passionnel complexe à sa patrie. L'expression de cette passion contrariée est servie par une mini superproduction que je trouve ni facile ni gratuite mais parfaitement maîtrisée. Quel est le problème ? Ils grattent l'histoire de leur pays là où ça fait mal mais les vieux flibustiers de l'électro-punk germanique ne sont ni journalistes ni historiens, alors Grosser Skandal!
    Incarné et Cathartique
    A plus loin
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  4. Puisqu'une fois encore, on évoque la capitale allemande durant l'entre-deux guerres et en attendant la série Babylon Berlin (lire le billet précédent), j'ai choisi une image à la puissance évocatrice imparable - pour moi en tout cas - d'un spectacle de cabaret théâtre monté en 1922 par Der Blaue Vogel. La troupe était formée d'immigrés russes réfugiés à Berlin après le coup d'Etat bolchévique qui phagocyta la révolution populaire par la terreur.
    Au-dessous, un portrait de la meneuse de revue, chanteuse et actrice d'origine française Margo Lion. Née à Constantinople, cette star du cabaret berlinois durant les années 20 rentra en France à l'arrivée des nazis au pouvoir. Amie proche de Marlene Dietrich, elle eut également une belle carrière au cinéma avant de prendre sa retraite à Annecy-le-Vieux où elle mourut à près de 90 ans. Quelle vie !

    Sur le thème fascinant du Kabarett, un site à consulter pourvu d'une riche iconographie. (en ang.)
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  5. Comment cela s'appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd'hui, et que tout est saccagé, que l'on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s'entretuent, que les coupables agonisent dans un coin du jour qui se lève ? - Cela porte un très beau nom, femme Narsès. Cela s'appelle l'aurore.

              Jean Giraudoux, La guerre de Troie n'aura pas lieu

    La belle bande-son de Comancheria/Hell or High Water
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  6. Broadway, 1958: Miss Julie Newmar a pris la pose sur la scène de la pièce The Marriage-Go-Round. Dans la version filmée trois ans plus tard, la sculpturale danseuse allumera les sens de James Mason.

    (Source: Archives Life)
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  7. Encarté au PC allemand durant les années de la République de Weimar, le très populaire Heinrich George, après avoir été un temps blacklisté en raison de cet engagement, finit par s'accommoder du nouvel ordre hitlérien imposé au cinéma et au théâtre allemands. Il obtient la direction d'un prestigieux théâtre à Berlin où il fait travailler des comédiens et des techniciens juifs ou politiquement peu sûrs et poursuit une double carrière sur les planches et à l'écran. Arrêté en zone soviétique à la fin de la guerre, il est interné en tant que collaborateur nazi dans deux camps de concentration réactivés entre 1945 et 1950 par la police politique de Staline (via Beria). Après la fin des combats, le NKVD y enferme un peu tout le monde: des "suspects", d'authentiques criminels, des petits chefs suivistes que l'on peut faire chanter, des têtes publiques des arts trop conciliantes sous le nazisme et des opposants réels ou potentiels au système communiste. C'est à Oranienburg-Sachsenhausen que Heinrich George meurt de privation en 1946. A noter que la Russie l'a réhabilité en 1998. Ce destin révélateur de l'attitude d'artistes fameux ayant accepté de rester pour travailler dans l'Allemagne nazie est rapporté dans Heinrich George, envers et contre tout, un docu-fiction (mouais) diffusé ce soir sur Arte à 22h35. Je crois que je vais quand même me laisser tenter et regarder le début.*

    Le dernier rôle de George en 1945 pour Kolberg (version intégrale en couleur), un film de propagande réalisé par Veit Harlan qui l'avait déjà dirigé dans Le Juif Süss en 1940. Les moyens mis en œuvre pour cette super-production UFA tournée durant les derniers mois du IIIe Reich avec plus de 100'000 figurants "empruntés" par Goebbels à la Wehrmacht (!) - une version finalisée fut présentée au public en janvier 1945 - montre l'importance politique que Gœbbels accorda au cinéma jusqu'à la chute du régime.

    * Une bonne suprise. Les séquences reconstituées exceptées - elles n'apportent rien; au contraire: elles peuvent perturber le téléspectateur qui ne sait plus s'il voit une archive ou un élément de fiction -, ce portrait d'un acteur populaire confronté aux deux totalitarismes du siècle passé tient la route.
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  8. Edward Hopper, First Row Orchestra en 1951.
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  9. Avec nos copines chorus girls pour retrouver un peu de l'ambiance si particulière qui imprègne les coulisses et les loges des arts de la scène. Ces deux clichés proviennent d'un fond d'archives américaines, mais lesquelles ?
    Pour aller avec, une compo d'Irving Berlin par Nat King Cole.
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  10. Un internaute me demande de qui est la toile peinte derrière Joséphine dansant le charleston sur la scène des Folies bergères dans La Revue nègre en 1926. (cf plus bas) Je dirais Paul Colin, un peintre et affichiste fameux des années 20 à 40 qui a croqué plusieurs fois Joséphine pour des affiches de spectacle. Mais je m'avance peut-être... Si vous avez d'autres éléments, you're welcome.
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