1.  

    C'est dans un numéro de Rock&Folk de 1973 (ou 74 ?) - quand le rock'n'roll redevenait dangereux - que j'ai découvert le nom de David Johansen* sous une photo des outrageuses New York Dolls, ce groupe scandaleux et improbable qui préfigura le punk. J'avais 15-16 ans et c'était quelque chose ! Les poupées maquillées comme des bagnoles volées allaient déchirer le rideau de complaisance du prog'rock qui transformait les salles de concert en vastes dortoirs enfumés. On retrouve David et les NY Dolls lors d'une captation télé à Londres en 1973. Ils exécutent (!) Personality CrisisPlay It Loud !

    Les membres originaux :
    David Johansen, Johnny Thunders, Sylvain Sylvain, Arthur "Killer" Kane et Billy Murcia.

    Le 28 février de cette année, David a rejoint ses vieux potes en enfer là où les rockers continuent à jouir de toutes les bonnes choses, du moins on l'espère.
    Martin Scorsese est un vieux fan des New York Dolls. Il a brillamment évoqué un moment de leur saga destroy et glam' dans l'épisode pilote étourdissant de la série Vinyl. Extrait choisi. Le réalisateur a également consacré un doc' à David.
    En 1982, Stiv Bators et les Lords Of The New Church, gravèrent un hommage aux poupées, le très enlevé 

    Et pour rebondir sur le commentaire de Debout, on n'oubliera pas l'alter ego de David, l'impayable Buster Poindexter que l'on retrouve dans cette vidéo avec Béatrice Dalle en guest star. Classieux comme on aime.

    10 mars : Je viens d'apprendre la mort de Brian James. J'ai envie de déposer les armes (soniques).

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  2.  
    Marianne

    J'ai ressorti l'excellent essai - ou est-ce une multi-biographie ? - de Fabrice Gaignault, Egéries sixties (Fayard et rééd. J'ai Lu) dans lequel on retrouve en tête de liste Marianne Faithfull. Pour évoquer celle qui fut l'égérie pop 60's assoluta, il avait rencontré Boris Bergman, le parolier fameux complice de Bashung et d'autres pointures et témoin capital des années 60 entre Londres et Paris. De Marianne, il dit qu'"elle était la diva de la bande (...) et un mix parfait de Gloria Swanson dans Sunset Boulevard et d'Edwige Feuillère dans La Folle de Chaillot." Il rapporte des caprices qui n'étaient jamais gratuits mais ciblés. Elle exigeait des choses improbables pour faire bisquer son producteur quand il lui mettait la pression... Production/pression/dépression. Elle avait déjà donné. Il ne fallait pas chercher Marianne. Certains l'apprirent à leurs dépends en deux réparties cinglantes. Et Bergman, toujours séduit, d'embrayer sur le présent. (Le bouquin date de 2006) : "Elle est proprement extraordinaire. C'est une femme qui écrit très bien, qui lit énormément. Elle est la première de toutes ces filles à avoir enregistré avec Gainsbourg. (...) On peut lui écrire des textes d'homme, elle aime ça. (...) Marianne, Nico et Zouzou, on pourrait les mettre dans la catégorie femmes belles de partout."

    At the age of 37

    She realised she'd never ride

    Through Paris in a sports car

    With the warm wind in her hair

    And she let the phone keep ringing

    As she sat there softly singing

    Pretty nursery rhymes she'd memorised

    In her daddy's easy chair

    Si elle n'a pas créé la ballade de Lucy Jordan, elle l'a incarnée.

    En 1979, Broken English, ce chef-d'œuvre, était un disque de chevet. Notre Marianne revenait du pays des ombres; elle savait l'art de la reprise. Sa voix avait... mué. Mutante after punk, elle n'était pas encore sortie de la grande blanche mais elle était dessalée, bientôt affranchie. Une grande dame fracassée et réinventée. Nous étions amoureux de cette superbe trentenaire. On suivit sa rédemption. En 2010, elle nous proposa avec élégance et gravité sa version de Stations de Mark Lanegan et Greg Dulli.

    So Long So Alone

    Les allées du cimetière pour15minutes sont plus habitées que les navrantes têtes de gondole actuelles. Je crois que j'ai besoin de souffler et d'un verre. A plus loin.

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  3. Pour Ives/Yves

    La danseuse et actrice Chelo Alonso figurait parmi les déesses pop qui peuplaient les fantasmes d'Yves/Ives Arnold.
    En 2016, je publiais un billet consacré à cette icône Bis disparue en 2019. Repris et remanié :

    Ce matin, en feuilletant les pages de l'excellent site Pulp International, j'ai revu une photo de la danseuse cubaine Chelo Alonso qui débuta sa carrière aux Folies Bergères avant de tourner dans des péplums de qualités inégales où sa plastique avantageuse, son exotisme et ses talents ondulatoires étaient mis en valeur par des producteurs et des réalisateurs dont elle fit bouillir le sang et tourner la tête. Ives/Yves Arnold nous apprit que Ernesto "Che" Guevara avait lui aussi succombé aux charmes de Chelo. L'icône gauchiste offrit à l'artiste tout ce qu'elle désirait si elle acceptait de rentrer à Cuba, en vain. L'actrice préféra les douceurs de Rome aux piquants de la révolution des "barbudos". Retirée du showbiz' après la mort de son compagnon, elle gérait un hôtel à Sienne en Toscane et un élevage de chats. 

    Miss Alonso fait partie des icônes pour15minutes depuis le début du blog. C'est Yves qui le premier m'envoya des scans de la belle Cubaine que l'on revoit dans une séquence dansée de La ragazza sotto il lenzuolo. (1961)

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  4. Bon dimanche

    Jeudi 12 septembre 
    J'avais envie de sons et d'images qui me caressent dans le sens du poil. Ces deux "Louise", l'actrice et la composition de Mister Harvey - ex-claviers et arrangeur/chef d'orchestre des Bad Seeds de Nick Cave - répondent à cette exigence donc je partage.

    "Et si"... Une vie c'est (aussi) une suite de "et si" suivis des deuils qui accompagnent les choix morts-nés. Certains sont lourds à porter; d'autres incitent à la bienveillance. C'est un des thèmes - il y en a d'autres - du formidable roman de Patrice Jean La vie des spectres édité Au Cherche Midi. Depuis ma découverte de L'homme surnuméraire, je prête systématiquement les livres de cet écrivain subtil qui ne passe rien à son époque incertaine et rude aux âmes inquiètes où l'idéologie du Bien a phagocyté la Justice et a fait de nous, ceux et celles d'avant, des spectres. On en recausera, peut-être. En attendant, lisez cet auteur important dont les livres réunissent les trois exigences artistiques : incarnation, transcendance et verticalité.
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  5.  








    Pour15minutes est aussi un blog à voir. Un hommage en images au Samouraï.

    Sur l'homme et l'acteur, je viens de relire le récit sobre, fin et enlevé de Jean-Marc Parisis, Un problème avec la beauté - Delon dans les yeux édité chez Fayard en 2018. A propos du Guépard :
    Des mois de tournage du côté de Palerme, quarante-huit nuits à filmer un bal dans un Palais Gangi éclairé aux chandelles d'une cire résistant à la chaleur des projecteurs, cent cinquante décorateurs, à peine moins de maquilleurs, de coiffeurs, cinquante fleuristes, des maîtres d'armes et des professeurs de danse pour le maniement des escopettes et les pas de mazurka, des meubles et des objets d'époque, des rues repavées, des façades rénovées, et ce rouge clair des chemises garibaldiennes obtenu après trempage dans du thé et séchage au soleil. (...) La magnificence du Guépard relevait d'un cinéma absolu, voué à disparaître en Europe, à devenir l'apanage des Américains. A 26 ans, après cinq ans de carrière, Delon en vivait les derniers feux, le pressentait peut-être. Un grand rôle dans l'un des derniers classiques européens.

    Sur ma B.O., la belle reprise par Françoise Hardy et Alain Delon de Modern Style, une composition de haut vol signée Jean Bart. Des talents conjugués pour tenir la laideur et la bêtise à bonne distance.
    Que devient Jean Bart, ce dandy genevois trop discret, que j'avais rencontré pour une émission radio ? Ici, les meilleurs se taisent et laissent la place aux suceurs de subventions, aux opportunistes, aux faiseurs poussifs abonnés aux festivals "entre-eux".

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  6. Je vous souhaite le meilleur été possible malgré la somme de crispations, laideurs et inepties que nous infligent les crétins corporate qui prétendent modeler le monde postmoderne. Et je ne parle pas des politiques... Passons ! 

    Justement, si vous passez par Genève/Calvingrad, ne manquez pas la double expo consacrée à l'œuvre du photographe et grand reporter carougeois Marcel Bolomey. On peut admirer son travail à l'entrée des Bains des Pâquis sur la rade de Genève - un endroit superbe surtout avant midi - et au Musée historique de la ville de Carouge. Ce gars-là avait une vraie vista. La 3e photo a un petit côté Belle du Seigneur qui réjouit ma vieille âme que les temps actuels chagrinent. Chaque jour, le nihilisme esthétique - ce désastre enseigné dans les écoles supérieures d'art content pour rien -  gagne du terrain. 
    Questions : comment, en moins d'un siècle, est-on passé de l'avant-garde inspirée en au degré zéro du plaisir visuel, auditif, tactile, sensuel... ? Qu'est-ce qui a torpillé l'exigence de dépassement associé à la création artistique ? La laideur samplée est devenue la norme. Qui sont les responsables ?

    A plus loin.

    PS : On dit que tenir un blog est démodé. Aujourd'hui, il faut être un Tik Tokeur,... Je suis et je resterai démodé.
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  7.  

    1996. Avec Le Danger Françoise affirme sa curiosité passionnée pour le rock et la pop indés.

    Elle n'hésita jamais à faire des pas de côté. Cet album, co-réalisé par Alain Lubrano et Rodolphe Burger, est une magnifique affirmation de son esprit aventurier. Et elle n'avait de leçon de rock à recevoir de personne. Un album qui m'a accompagné durant des heures sombres, douloureuses... 
    Quand sonnent Dix heures en été

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  8.  


    J'ai de la peine avec les faux dimanches (avec les vrais aussi), alors j'essaie de faire glisser ce lundi de Pentecôte tant bien que mal. Ma méthode est double : en faisant de la marche nordique pour aérer ma tronche et faire travailler ma vieille pompe et en pratiquant le culte des actrices, un culte auquel participe avec élégance Thomas Morales dont je reproduis les dernières lignes d'une chronique toute récente consacrée à notre Faye Dunaway que publie Causeur. Le prétexte ? Un portrait documentaire de la star réalisé par Laurent Bouzereau et projeté cette année à Cannes. Mais revenons à Morales :

    Lorsque l’on croise une véritable star, Faye en est l’incarnation la plus complète, la plus totale, la plus viscérale, on dévisse carrément. Il faut la revoir répondre en français au journaliste d’Antenne 2 en 1987 pour la sortie de « Barfly », film de Barbet Schroeder avec Mickey Rourke. Dans la puissance érotique de sa quarantaine et un sourire qui annihile tous les emmerdements, elle dit sobrement : « J’aime beaucoup la poésie de Bukowski ». Nous savons que ces mots-là vont s’implanter dans notre cortex pour de longues années. S’y fossiliser même. Je me souviens du jour où sa beauté apnéique m’est apparue. C’était sur une plage, dans un buggy rouge à moteur Corvair conduit par Steve, elle portait cet après-midi-là un pantalon blanc, un col roulé couleur crème aux manches retroussées et un carré à pois blancs sur la tête. Depuis, je ne peux me défaire de cette image…

    Je le comprends. Moi, c'est le regard d'Ornella Muti qui m'avait fait dévisser lors d'un interviouve. A plus loin.

    (Photos : Terry O'Neill en bas + capture d'écran pour le lecteur passionné de "L'affaire Thomas Crown")

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  9. When Blondie came to Britain est le titre d'un documentaire pop et rock de belle facture diffusé en novembre dernier par la BBC que l'on peut maintenant apprécier en ligne. Le film raconte l'invasion glamour de Blondie en pleine furie punk et retrace les étapes vers la gloire du groupe au Royaume-Uni – depuis leur premier concert à l’Union des étudiants de Bournemouth en 1977 - jusqu’à leurs fracassants débuts à la télévision sur Granada TV grâce au légendaire Tony Wilson. La Grande-Bretagne alors en crise profonde tomba amoureuse du band dont la frontwoman charismatique, l'inégalable Debbie Harry, féministe subtile, savait utiliser les codes de la femme fatale/femme objet tout en étant sujet de sa carrière artistique et de sa vie. En résumé, Britain needed Blondie ! Enrichis d'images d'archives et du témoignage des acteurs de l'événement (musiciens, producteurs, public relation, etc.), le doc' donne aussi la parole à ceux qui firent réellement le succès du groupe, les fans britanniques dont certains masquent mal l'émotion qui les étreint à l'évocation de leur jeunesse perdue. Debbie et ses boys ont littéralement changé leur vie. Bref, une remarquable prod' télé qui réunit tout ce qu'on aime : pop musique, sexy people, cuir, glamour et rock'n'roll !

    Voir When Blondie came to Britain

    Parmi les plaisirs de la retraite auxquels je ne renoncerais pour rien au monde, celui qui me ravit particulièrement consiste à repérer, en ligne ou dans la presse analogique spécialisée, des films documentaires pop au sens large - récits, portraits, évocations - éloquents, des docs que je regarde l'après-midi quand la maison reprend son souffle loin des échos pénibles de ce monde dévoyé. Je crois que c'est Bertrand Burgalat, les yeux toujours grand ouverts et les oreilles déployées, qui recommanda il y a quelques temps dans son excellente chronique mensuelle pour le vénérable Rock&Folk* le récit très bien documenté du débarquement sur les côtes britanniques du commando glamour new-yorkais Blondie en 1977.

    * J'espère un recueil de ses chroniques publiées sous le titre Peu de gens le savent - Mon mois à moi.

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  10.  


    Le style en mouvement fut le modus operandi du photographe suisse Hans Feurer (1939 - 2024) dont les clichés en noir et blanc me séduisent davantage que ceux en couleur. 
    En haut, Lily Nielsen allume un barman un peu "gainsbourien". En dessous, Jean Shrimpton en "privé" contraste avec les bunnies et ci-dessus l'imperturbable Willy van Rooy bouscule la rue mais sans excès.

    Dans le jukebox, Mixed Up, Shook Up Girl de Mink/Willy DeVille sur son premier indépassable album. 
    Et des Jolies Filles dans les mirettes de Joe Jackson extrait de Look Sharp! teigneux comme au premier jour.

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