1.  
    Marianne

    J'ai ressorti l'excellent essai - ou est-ce une multi-biographie ? - de Fabrice Gaignault, Egéries sixties (Fayard et rééd. J'ai Lu) dans lequel on retrouve en tête de liste Marianne Faithfull. Pour évoquer celle qui fut l'égérie pop 60's assoluta, il avait rencontré Boris Bergman, le parolier fameux complice de Bashung et d'autres pointures et témoin capital des années 60 entre Londres et Paris. De Marianne, il dit qu'"elle était la diva de la bande (...) et un mix parfait de Gloria Swanson dans Sunset Boulevard et d'Edwige Feuillère dans La Folle de Chaillot." Il rapporte des caprices qui n'étaient jamais gratuits mais ciblés. Elle exigeait des choses improbables pour faire bisquer son producteur quand il lui mettait la pression... Production/pression/dépression. Elle avait déjà donné. Il ne fallait pas chercher Marianne. Certains l'apprirent à leurs dépends en deux réparties cinglantes. Et Bergman, toujours séduit, d'embrayer sur le présent. (Le bouquin date de 2006) : "Elle est proprement extraordinaire. C'est une femme qui écrit très bien, qui lit énormément. Elle est la première de toutes ces filles à avoir enregistré avec Gainsbourg. (...) On peut lui écrire des textes d'homme, elle aime ça. (...) Marianne, Nico et Zouzou, on pourrait les mettre dans la catégorie femmes belles de partout."

    At the age of 37

    She realised she'd never ride

    Through Paris in a sports car

    With the warm wind in her hair

    And she let the phone keep ringing

    As she sat there softly singing

    Pretty nursery rhymes she'd memorised

    In her daddy's easy chair

    Si elle n'a pas créé la ballade de Lucy Jordan, elle l'a incarnée.

    En 1979, Broken English, ce chef-d'œuvre, était un disque de chevet. Notre Marianne revenait du pays des ombres; elle savait l'art de la reprise. Sa voix avait... mué. Mutante after punk, elle n'était pas encore sortie de la grande blanche mais elle était dessalée, bientôt affranchie. Une grande dame fracassée et réinventée. Nous étions amoureux de cette superbe trentenaire. On suivit sa rédemption. En 2010, elle nous proposa avec élégance et gravité sa version de Stations de Mark Lanegan et Greg Dulli.

    So Long So Alone

    Les allées du cimetière pour15minutes sont plus habitées que les navrantes têtes de gondole actuelles. Je crois que j'ai besoin de souffler et d'un verre. A plus loin.

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  2. Une séquence captures d'écran de Radio On (1979) de Christopher Petit, un des films culte de ma génération. Ce road movie fascinant entre fatigue - dépression ? - fitzgeraldienne* et sublimation moderniste façon Kraftwerk offrait aussi un état des lieux moral et esthétique pour ceux qui eurent 20 ans (+/-) à l'époque. En 2009, le réalisateur britannique reprit certains plans de Radio On dans son nouveau film initiatique Content, un Objet Filmé Non Identifié (OFNI) que j'ai alors découvert dans un état proche de la sidération. A travers sa mise en abyme, l'ancienne magie opérait toujours.

    Si vous grattez un peu, vous retrouvez aisément Radio On sur un site russe en v.o. Quant à Content, il est disponible sur YouTube.
    Je reviens avec quelques pistes sonores.

    Mister Cale est un génie in rock.

    * Ives Arnold aurait parlé de contemplation morose.

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  3. Ces temps, tout me tombe des mains. Les objets, les idées et même des pans entiers de ma vie. Je ne retiens plus rien. Tout se délite. Je vogue et vaque à vue entre colère - ma part française -, déception et résignation - mon côté helvétique que j'ai passé une vie à contenir, à combattre : en vain. Tout se délite. Dégoûts mineurs, déceptions majeures. Mensonges et trahisons d'imbéciles - là, c'est en grande partie de ma faute car je n'aurais jamais du croire en la parole de tocards qui n'ont rien vécu à part les aventures des autres.  

    Passons !

    Pour me remonter le moral, je m'offre une chouette série B - ou Z ? - très rock'n'roll avec Mamie van Doren et ses affolants sweaters et Eddie Cochran himself dans un petit rôle où il crève l'écran. A propos des pionniers du rock, ces héros rockab', j'ai toujours préféré Eddie à Gene (Vincent) voire à Elvis The King. Ça se discute, mais pas ce soir. Je vous remets le lien de Untamed Youth (1957). Ce film doit pourtant être dans le domaine public. On verra s'il reste visible quelques temps...

    Dans la couleur rockab', je vous propose ce qui est selon moi l'une des meilleures compositions du grand Eddie, Three Steps To Heaven, l'original, un bijou ciselé la même année (1957). Dans le cultissime road movie Radio On de Christopher Petit sorti en 1979, Sting interprète un pompiste désabusé qui reprend un extrait du titre de Cochran. Je ne suis pas fan de l'ex-chanteur/bassiste de Police mais j'aime toujours revoir cette séquence étonnante. (Le film a été réédité en DVD.)

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  4. Pour Ives/Yves

    La danseuse et actrice Chelo Alonso figurait parmi les déesses pop qui peuplaient les fantasmes d'Yves/Ives Arnold.
    En 2016, je publiais un billet consacré à cette icône Bis disparue en 2019. Repris et remanié :

    Ce matin, en feuilletant les pages de l'excellent site Pulp International, j'ai revu une photo de la danseuse cubaine Chelo Alonso qui débuta sa carrière aux Folies Bergères avant de tourner dans des péplums de qualités inégales où sa plastique avantageuse, son exotisme et ses talents ondulatoires étaient mis en valeur par des producteurs et des réalisateurs dont elle fit bouillir le sang et tourner la tête. Ives/Yves Arnold nous apprit que Ernesto "Che" Guevara avait lui aussi succombé aux charmes de Chelo. L'icône gauchiste offrit à l'artiste tout ce qu'elle désirait si elle acceptait de rentrer à Cuba, en vain. L'actrice préféra les douceurs de Rome aux piquants de la révolution des "barbudos". Retirée du showbiz' après la mort de son compagnon, elle gérait un hôtel à Sienne en Toscane et un élevage de chats. 

    Miss Alonso fait partie des icônes pour15minutes depuis le début du blog. C'est Yves qui le premier m'envoya des scans de la belle Cubaine que l'on revoit dans une séquence dansée de La ragazza sotto il lenzuolo. (1961)

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  5. On dit d'Earl Slick qu'il est flamboyant, arrogant - traduire : il connaît sa valeur -, surdoué à la guitare six cordes et surtout qu'il est resté un homme libre. Dans l'histoire du rock, c'est LE sideman - ou accompagnateur majeur. Bowie lui doit les parties de guitares sur quelques unes de ses grandes compositions, Lennon aussi. En studio et sur la route, Earl tenait son rang : première gâchette au service des maîtres, ses employeurs furent parfois aussi ses amis même s'il a toujours su qu'il y a autour de la star un cercle invisible et sacré à ne jamais franchir au risque d'exclusion. Earl "goldfingers" est le fil conducteur de l'excellent documentaire Rock 'n' Roll Guns for Hire: The Story of the Sidemen (pour la BBC) de Francis Whately, un film qui va à la rencontre des sidemen & women, ces musiciens formidables accompagnateurs qui ont fait le rock et le funk dans le seconde moitié du XXe siècle, frôlés par la gloire tout en sachant rester anonymes... ou presque. Ce beau film leur rend hommage. Avec un casting de première et des archives impressionnantes.

    Note : J'ai trouvé le lien grâce à la recension du doc' parue dans le numéro d'octobre du vénérable mais toujours indispensable Rock&Folk.

    Photo de Earl Slick (fragment) : Chuck Lanza
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  6.  



    Au Carrefour étrange fut durant plusieurs saisons LE blog francophone des Curiosités comme dans certains musées où il existe une salle qui leur est dédiée. Animé par un libraire, un certain Mr Losfeld  - rien à voir avec l'éditeur historique de... curiosités -, il cessa son activité un jour de janvier 2016. Depuis, nous sommes un peu tristes. Les belles images proposées sur ce blog inégalé nous manquent aussi j'ai voulu lui rendre hommage en piochant dans mes archives. Voici trois scans tirées des pages Au Carrefour étrange.

    Note : l'animateur passa un temps sur tumblr... jusqu'en 2018. Après, plus rien. 

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    Pour15minutes est aussi un blog à voir. Un hommage en images au Samouraï.

    Sur l'homme et l'acteur, je viens de relire le récit sobre, fin et enlevé de Jean-Marc Parisis, Un problème avec la beauté - Delon dans les yeux édité chez Fayard en 2018. A propos du Guépard :
    Des mois de tournage du côté de Palerme, quarante-huit nuits à filmer un bal dans un Palais Gangi éclairé aux chandelles d'une cire résistant à la chaleur des projecteurs, cent cinquante décorateurs, à peine moins de maquilleurs, de coiffeurs, cinquante fleuristes, des maîtres d'armes et des professeurs de danse pour le maniement des escopettes et les pas de mazurka, des meubles et des objets d'époque, des rues repavées, des façades rénovées, et ce rouge clair des chemises garibaldiennes obtenu après trempage dans du thé et séchage au soleil. (...) La magnificence du Guépard relevait d'un cinéma absolu, voué à disparaître en Europe, à devenir l'apanage des Américains. A 26 ans, après cinq ans de carrière, Delon en vivait les derniers feux, le pressentait peut-être. Un grand rôle dans l'un des derniers classiques européens.

    Sur ma B.O., la belle reprise par Françoise Hardy et Alain Delon de Modern Style, une composition de haut vol signée Jean Bart. Des talents conjugués pour tenir la laideur et la bêtise à bonne distance.
    Que devient Jean Bart, ce dandy genevois trop discret, que j'avais rencontré pour une émission radio ? Ici, les meilleurs se taisent et laissent la place aux suceurs de subventions, aux opportunistes, aux faiseurs poussifs abonnés aux festivals "entre-eux".

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    J'ai de la peine avec les faux dimanches (avec les vrais aussi), alors j'essaie de faire glisser ce lundi de Pentecôte tant bien que mal. Ma méthode est double : en faisant de la marche nordique pour aérer ma tronche et faire travailler ma vieille pompe et en pratiquant le culte des actrices, un culte auquel participe avec élégance Thomas Morales dont je reproduis les dernières lignes d'une chronique toute récente consacrée à notre Faye Dunaway que publie Causeur. Le prétexte ? Un portrait documentaire de la star réalisé par Laurent Bouzereau et projeté cette année à Cannes. Mais revenons à Morales :

    Lorsque l’on croise une véritable star, Faye en est l’incarnation la plus complète, la plus totale, la plus viscérale, on dévisse carrément. Il faut la revoir répondre en français au journaliste d’Antenne 2 en 1987 pour la sortie de « Barfly », film de Barbet Schroeder avec Mickey Rourke. Dans la puissance érotique de sa quarantaine et un sourire qui annihile tous les emmerdements, elle dit sobrement : « J’aime beaucoup la poésie de Bukowski ». Nous savons que ces mots-là vont s’implanter dans notre cortex pour de longues années. S’y fossiliser même. Je me souviens du jour où sa beauté apnéique m’est apparue. C’était sur une plage, dans un buggy rouge à moteur Corvair conduit par Steve, elle portait cet après-midi-là un pantalon blanc, un col roulé couleur crème aux manches retroussées et un carré à pois blancs sur la tête. Depuis, je ne peux me défaire de cette image…

    Je le comprends. Moi, c'est le regard d'Ornella Muti qui m'avait fait dévisser lors d'un interviouve. A plus loin.

    (Photos : Terry O'Neill en bas + capture d'écran pour le lecteur passionné de "L'affaire Thomas Crown")

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  9. Rien n'égale une descente d'escalier effectuée avec défi et élégance, c'est-à-dire sans effort apparent, telle celle de Bela Lugosi en dracul' cinématographique dans la première adaptation hollywoodienne du roman de Bram Stoker par Tod Browning en 1931. Bien sûr, il y a eu Nosferatu, le vampire, le chef-d'oeuvre romantique expressionniste que Murnau avait mis en boîte en 1922 mais les partis pris formels des deux réalisateurs sont très différents. Je crois l'adaptation de Browning, onirique et un peu kitsch, plus proche de l'esprit du roman victorien de Stoker même si intimement, je reste envoûté par le film de Murnau vu la première fois sur grand écran au cinéma Classic (1, 2 ou 3 ?) à Genève en 1976 ou 77. Ce mini-complexe ou triplex, aujourd'hui entreprise inimaginable, ne proposait que des films et des thématiques choisis avec soin et une touche classieuse par sa direction cinéphile. Il fut notre Cinémathèque à nous. Je me rappelle le cycle consacré au cinéma allemand de l'entre-deux guerres qui nous fit découvrir Pabst, Wiene, Lang, etc. On s'offrait une séance avant de nous glisser dans la nuit pour retrouver ses armées...

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  10. Miss Diana Rigg dans The Avengers (1964)

    Photo : Doreen Spooner

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