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Une séquence captures d'écran de Radio On (1979) de Christopher Petit, un des films culte de ma génération. Ce road movie fascinant entre fatigue - dépression ? - fitzgeraldienne* et sublimation moderniste façon Kraftwerk offrait aussi un état des lieux moral et esthétique pour ceux qui eurent 20 ans (+/-) à l'époque. En 2009, le réalisateur britannique reprit certains plans de Radio On dans son nouveau film initiatique Content, un Objet Filmé Non Identifié (OFNI) que j'ai alors découvert dans un état proche de la sidération. A travers sa mise en abyme, l'ancienne magie opérait toujours.Si vous grattez un peu, vous retrouvez aisément Radio On sur un site russe en v.o. Quant à Content, il est disponible sur YouTube.Je reviens avec quelques pistes sonores.John Cale, December Rains (version radio)Mister Cale est un génie in rock.* Ives Arnold aurait parlé de contemplation morose.
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Ces temps, tout me tombe des mains. Les objets, les idées et même des pans entiers de ma vie. Je ne retiens plus rien. Tout se délite. Je vogue et vaque à vue entre colère - ma part française -, déception et résignation - mon côté helvétique que j'ai passé une vie à contenir, à combattre : en vain. Tout se délite. Dégoûts mineurs, déceptions majeures. Mensonges et trahisons d'imbéciles - là, c'est en grande partie de ma faute car je n'aurais jamais du croire en la parole de tocards qui n'ont rien vécu à part les aventures des autres.
Passons !
Pour me remonter le moral, je m'offre une chouette série B - ou Z ? - très rock'n'roll avec Mamie van Doren et ses affolants sweaters et Eddie Cochran himself dans un petit rôle où il crève l'écran. A propos des pionniers du rock, ces héros rockab', j'ai toujours préféré Eddie à Gene (Vincent) voire à Elvis The King. Ça se discute, mais pas ce soir. Je vous remets le lien de Untamed Youth (1957). Ce film doit pourtant être dans le domaine public. On verra s'il reste visible quelques temps...
Dans la couleur rockab', je vous propose ce qui est selon moi l'une des meilleures compositions du grand Eddie, Three Steps To Heaven, l'original, un bijou ciselé la même année (1957). Dans le cultissime road movie Radio On de Christopher Petit sorti en 1979, Sting interprète un pompiste désabusé qui reprend un extrait du titre de Cochran. Je ne suis pas fan de l'ex-chanteur/bassiste de Police mais j'aime toujours revoir cette séquence étonnante. (Le film a été réédité en DVD.)
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La troublante Hilde Krahl (1917-1999) redécouverte grâce à l'essai passionnant d'Isabelle Mity, Les actrices du IIIe Reich - splendeurs et misères des icônes du Hollywood nazi (Perrin, 2022) dont j'ai repris quelques passages ces jours-ci. Comme le souligne l'historienne, si sous le IIIe Reich certaines déesses de l'écran d'argent incarnèrent effectivement l'idéal nazi de la femme aryenne, les stars que furent Zarah Leander, Olga Tchekhova, Sybille Schmitz ou encore Hilde Krahl étaient loin de correspondre aux canons esthétiques imposés par celui qu'on surnommait le bouc de Babelsberg ou le nain priapique, Joseph Gœbbels. Brunes, typées - Hilde Krahl, par exemple, était d'origine croate - à la sensualité ambigüe, ces créatures du cinéma nazifié contrastaient avec la fadeur des blondes Mädchen mises en avant par la propagande. Gœbbels lui-même vécut une passion torride pour Lída Baarová, une ravissante actrice tchèque qui faillit faire capoter son mariage. Hitler intervint et ordonna à son ministre de rompre cette relation adultère. Gœbbels vécut alors une période de dépression amoureuse. Le très mais pas tout puissant* ministre de la propagande était un cinéphile averti et un amateur de starlettes qu'il harcelait jusqu'à faire enlever celles qu'il voulait mettre dans son lit en menaçant de briser les carrières de celles qui auraient osé lui résister. Certaines ne cédèrent pas.Après la guerre, on a pu voir Hilde Krahl jusque dans les années 90 sur les grands et les petits écrans. Elle fut distribuée - entre autres - dans l'inépuisable série Inspecteur Derrick.* Dans le IIIe Reich, le ministre de la Propagande avait de puissants rivaux : Himmler, Gœring, Ribbentrop que le Führer - lui-même cinéphile - savait mettre en concurrence en imposant in fine ses ordres.***Sans lien direct.Depuis le début de ce blog, j'ai aimé jongler avec les époques, les ambiances et les sons. Ma curiosité pour les musiques pop/rock m'a conduit vers un titre live du band américain Lo Moon. (L.A.) Dans cette composition, j'entends des échos de Talk Talk ou de The War on Drugs. Ils seront en concert à Paris le 12 novembre au Badaboum.0
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Imaginez la suite : au bout d'une nuit très arrosée, vous vous êtes lamentablement effondré sur les coussins de vos hôtes. Au réveil, avec une gueule de bois de grognard, vous (re)découvrez le décor...Note design :Je crois généralement faire montre d'une véritable ouverture d'esprit dans le domaine de l'architecture intérieure, mais cette cheminée néo-brutaliste terrific est au-dessus de mes capacités d'absorption esthétique !Si vous avez une suggestion pour la bande-son, je suis preneur. Sur la HiFi - avec les enceintes enserrées dans des bulles en béton, off course -, Sim propose un instrumental du grand Henry Mancini* tiré de la B.O. de The Party réalisé par Peter Sellers... Avec un extrait très chicken moves.* Je trouve certains titres de Mancini assez classieux, ce mélange de classe et de dandysme avec un doigt d'irrévérence. Gainsbourg fut un maître classieux. (en anglais classy)10
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La petite fumée du DiableC'est aussi un "drug movie" - un vrai nanar antidope - réalisé en 1936 par Louis Gasnier que l'on peut voir ici.(Merci à Didier)2Afficher les commentaires
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Bon dimancheJeudi 12 septembreJ'avais envie de sons et d'images qui me caressent dans le sens du poil. Ces deux "Louise", l'actrice et la composition de Mister Harvey - ex-claviers et arrangeur/chef d'orchestre des Bad Seeds de Nick Cave - répondent à cette exigence donc je partage."Et si"... Une vie c'est (aussi) une suite de "et si" suivis des deuils qui accompagnent les choix morts-nés. Certains sont lourds à porter; d'autres incitent à la bienveillance. C'est un des thèmes - il y en a d'autres - du formidable roman de Patrice Jean La vie des spectres édité Au Cherche Midi. Depuis ma découverte de L'homme surnuméraire, je prête systématiquement les livres de cet écrivain subtil qui ne passe rien à son époque incertaine et rude aux âmes inquiètes où l'idéologie du Bien a phagocyté la Justice et a fait de nous, ceux et celles d'avant, des spectres. On en recausera, peut-être. En attendant, lisez cet auteur important dont les livres réunissent les trois exigences artistiques : incarnation, transcendance et verticalité.0
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Le moral en berne ? Quelques images du portrait Viva Varda ! que Pierre-Henri Gibert a consacré à la réalisatrice atypique et libertaire du cinéma français - l'insaisissable Agnès Varda - suffisent à (me) redonner la niaque. En revoyant la troublante Corinne Marchand déambuler dans Paris en noir et blanc, on se dit qu'elle était belle la capitale dans les 60's.Entre nous aux Docs, on appelait ça un Feel good movie. Viva Varda ! est sur Play RTS.En sus, la bande-annonce de Cléo de 5 à 7.
Il sera ensuite diffusé par Arte. Si vous avez l'application Nord VPM, vous pouvez capter les programmes gélocalisés. (Mon fiston me l'a installée.)
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James Garner et Rita Moreno dans Marlowe/La valse des truands d'après The Little Sister - sans doute un des meilleurs romans de Raymond Chandler - porté à l'écran par Paul Bogart en 1969. Bruce Lee y est distribué dans le rôle d'un tueur. Je ne l'ai pas vu, enfin pas intégralement. Les extraits montrent une réalisation un peu pataude et datée mais cette image backstage me plaisait bien. Peu d'adaptations de Raymond Chandler tiennent la route. Parmi elles, celle décalée et réussie de Robert Altman, Le Privé/The Long Goodbye (1973) avec un Elliott Gould épatant en détective au début des seventies quand les hippies et la contre-culture hédoniste avaient une sale gueule de bois. Quelques années plus loin, le grand Bob Mitchum campait avec justesse un Marlowe vieux, las et essoré dans deux films inégaux mais intéressants, Adieu ma jolie et Le Grand sommeil. A la relecture des romans, on comprend la tentation d'en tirer des films. Chandler savait faire claquer une punchline comme on dit. Il avait l'art du dialogue. Au cours d'une enquête improbable, il fait dire à son privé : "Il y eut soudain un tel silence dans la pièce qu'on aurait pu entendre tomber la température." Ça vous pose un dialoguiste.
Il faudrait aborder le problème des traductions, souvent datées - B. Vian était à la manœuvre en 1948 - contenant des "francisations" curieuses comme celle de Marlowe entrant dans un bar-tabac PMU ! Heureusement, l'édition des polars dans la collection Quarto/Gallimard a bénéficié d'une attention particulière accordée aux traductions.
A+
Note : J'omets les deux adaptations légendaires qui, selon moi, ont figé à l'excès l'image du héros "chandlérien". Le Grand sommeil (1946) et la Dame du lac (1947) Perso, je les trouve, hum, comment dire : too much ? C'est ça, trop de tout. L'accumulation de clichés a chloroformé le genre jusqu'à Altman. Mode, BD, pochettes de disques, séries TV ont épuisé le "hard-boiled/dur-à-cuire" années 40 - tics et gimmicks ad nauseam - jusqu'à l'overdose. Même si certains affirment qu'il est le dernier héros positif de la littérature américaine, j'espère encore découvrir un Phil Marlowe postmoderne, cyber-punk,... Et ça n'est pas le dernière adaptation avec Liam Neeson, maniérée et poussiéreuse, sortie début 2023 qui me fera changer d'avis.
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Il y a quelques nuits, dans un documentaire consacré au cinéaste Daniel Schmid, je revois des images de La Paloma qu'il réalisa en 1974 avec son actrice préférée, la diva Ingrid Caven. Cette brève séquence m'émeut beaucoup. Après toutes ces années, elle me trouble encore en m'offrant une passerelle entre des artistes qui comptent toujours dans ma vie de cinéphile/audiophile parvenu à l'automne des passions. Ingrid Caven est aussi le titre du roman qui permit à son compagnon Jean-Jacques Schuhl d'obtenir le prix Goncourt en 2000. Ecrivain culte mais lauréat improbable, on dit que Philippe Sollers joua de toute son influence, alors très importante, dans le Paris littéraire pour lui obtenir ce prix. Mais on dit tant de choses. J'ai envie de relire Schuhl. Je parcours les étagères de ma bibliothèque... Romans français... S... Voilà : quatre titres de Jean-Jacques Schuhl sur les six volumes édités en un demi-siècle. Dans cette mince bibliographie - mince mais essentielle -, il y a un recueil éblouissant de nouvelles qui sont autant de subtils polaroids captés par l'auteur lors de promenades (ou d'errances ?) dans le Paris d'avant. Ecoutons sa petite musique avec ces lignes de Voici venir les temps...*Ça s'en va et ça revient comme dans la chanson. Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir... Air du soir ?... Pourrais vendre ça à Nina Ricci peut-être, c'était d'elle Air du temps il y a longtemps... des lustres... La poésie, les mots circulent ainsi... comme une essence, vaporisés, dans le soir incertain. Je vois les mots surgir l'un après l'autre, et puis ensemble, fragmentés, mobiles.Trop rare, je vous dis.A plus loin* Jean-Jacques Schuhl, Obsessions, Nouvelles, L'Infini/Gallimard, 2014.0
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Take A Bath And A Break en compagnie de l'accorte Miss Glynis Johns qui fut Miranda la sirène dans le film homonyme de Ken Annakin. (1948) Source.Les plus hardis d'entre vous n'hésiteront pas à se mouiller - j'ai pas pu résister, désolé ! - en jetant un oeil à la version intégrale de Miranda. Le lien est invalide, désolé.La chanson du générique est interprétée par Jean Sablon, voilà une info qui va bouleverser votre ouikend. ;)0
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