1. Une séquence captures d'écran de Radio On (1979) de Christopher Petit, un des films culte de ma génération. Ce road movie fascinant entre fatigue - dépression ? - fitzgeraldienne* et sublimation moderniste façon Kraftwerk offrait aussi un état des lieux moral et esthétique pour ceux qui eurent 20 ans (+/-) à l'époque. En 2009, le réalisateur britannique reprit certains plans de Radio On dans son nouveau film initiatique Content, un Objet Filmé Non Identifié (OFNI) que j'ai alors découvert dans un état proche de la sidération. A travers sa mise en abyme, l'ancienne magie opérait toujours.

    Si vous grattez un peu, vous retrouvez aisément Radio On sur un site russe en v.o. Quant à Content, il est disponible sur YouTube.
    Je reviens avec quelques pistes sonores.

    Mister Cale est un génie in rock.

    * Ives Arnold aurait parlé de contemplation morose.

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  2. Je vous souhaite le meilleur été possible malgré la somme de crispations, laideurs et inepties que nous infligent les crétins corporate qui prétendent modeler le monde postmoderne. Et je ne parle pas des politiques... Passons ! 

    Justement, si vous passez par Genève/Calvingrad, ne manquez pas la double expo consacrée à l'œuvre du photographe et grand reporter carougeois Marcel Bolomey. On peut admirer son travail à l'entrée des Bains des Pâquis sur la rade de Genève - un endroit superbe surtout avant midi - et au Musée historique de la ville de Carouge. Ce gars-là avait une vraie vista. La 3e photo a un petit côté Belle du Seigneur qui réjouit ma vieille âme que les temps actuels chagrinent. Chaque jour, le nihilisme esthétique - ce désastre enseigné dans les écoles supérieures d'art content pour rien -  gagne du terrain. 
    Questions : comment, en moins d'un siècle, est-on passé de l'avant-garde inspirée en au degré zéro du plaisir visuel, auditif, tactile, sensuel... ? Qu'est-ce qui a torpillé l'exigence de dépassement associé à la création artistique ? La laideur samplée est devenue la norme. Qui sont les responsables ?

    A plus loin.

    PS : On dit que tenir un blog est démodé. Aujourd'hui, il faut être un Tik Tokeur,... Je suis et je resterai démodé.
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  3.  

    Une composition réussie. Je regrette le charme du polaroid, si c'est bien le support dont il s'git ici. J'ai un doute en découvrant le Technicolor en bas à droite... Ou alors c'est le tirage papier d'une prise par un appareil compact à la mode durant les mid-60's. Mon oncle m'avait offert un Instamatic (de Kodak) pour ma Première communion - car j'ai suivi une formation religieuse (catho-romain) jusqu'à la Confirmation -, ce petit appareil photo au look moderne et pop qui permit à pas mal de mômes de ma génération de s'initier à la prise de vue. Quoiqu'il en soit, il fallait être réactif pour capter la jeune femme posant en tailleur orange (chaussures assorties) à côté de l'élément jaune sur le réverbère et la voiture gris métallisé qui se glisse derrière elle.
    A propos du polaroid très apprécié des stars de Warhol à Patti Smith, à la fin des 70's le groupe Japan, des dandys contrariés qui peinèrent à tuer leur père spirituel Bryan Ferry, chantait les louanges de ce support offrant un plaisir quasi instantané. On l'utilisait souvent lors des fêtes et des soirées à thème : le bal meublé au Palladium, le grand mal masqué de l'AMR dans l'ancien Palais des Expos à Plainpalais, etc. Sur ces agréables souvenirs... Bonne nuit
    C'est un peu maniéré ? Moui, mais j'aimais bien ce titre et je l'apprécie encore. Et puis, David Sylvian a enregistré en solo de belles choses dans les années 80. Sa démarche artistique ressemble à celle de Mark Hollis avec/après Talk Talk.

    PS : Je vous retrouve quand la température sera redevenue, hum, raisonnable. C'est terrible d'avoir à encaisser une telle canicule dans des cités qui ne sont pas conçues pour ça. Les gens deviennent léthargiques ou agressifs. Ici, ils ont fermé une piscine du centre où j'ai mes habitudes durant deux semaines pour la nettoyer en pleine canicule ! Au service des Sports de Calvingrad, il n'y avait personne pour anticiper le coup de chaud qui se reproduit en fin de saison depuis plusieurs années et organiser les à-fonds en conséquence des été brûlants à venir ? Certain jour, cette ville imprévoyante incapable de changer ses grilles fonctionnaires me désespère.

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  4. Hauteur (prendre de la)... Je vous souhaite le meilleur ouikend pascal possible. Elevation est aussi un titre fameux du groupe Television. A la première écoute, j'ai failli tomber de ma chaise tant le son était nouveau : radical, urbain, fissuré et romantique. En 1977-78, Tom Verlaine et ses complices réinventaient le rock en pionniers* de ce qu'on allait bientôt appeler la new wave, ce fourre-tout bien pratique pour les directeurs artistiques paresseux des maisons de disques. Adopté à sa sortie par les punks britanniques enthousiastes, Marquee Moon n'intéressa pas le public nord-américain sans doute en raison de la noirceur supposée des titres et d'une production volontairement "no fun". Ce premier album des New Yorkais s'installait durablement sur ma platine. *avec d'autres improbables tels Pere Ubu, Devo, Suicide,...
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  5. Quand notre Anita vantait les lignes et l'allure d'un modèle DKW lancé en 1955, les routes avaient de la tenue. Voitures encore mais pas seulement avec le fin chroniqueur - c'est ainsi qu'il se présente - qu'est Thomas Morales. Il est aimablement passé à la question par Philippe Bilger dans cet entretien radio. Morales a de l'humilité, des passions et du style pour défendre ses exigences esthétiques en matière de cinéma, de littérature et de voitures. A une époque niveleuse où les éditeurs veulent des histoires concernantes, fussent-elles tournées dans une langue appauvrie au service d'un air du temps désespérement correct, c'est courageux même si peu vendeur. Enfant des 70's, il cherche à perpétuer l'esprit hussard contre l'ennui et le conformisme. Il publie ces jours-ci Ma dernière séance : Marielle, Broca et Belmondo, un recueil de chroniques en hommage à trois grands formats du cinéma populaire français. A la fin de l'interviouve, on a envie de glisser à ce styliste exigeant : cher Thomas, n'ayez pas peur de votre talent. Attelez-vous à la rédaction d'un roman au long cours, une œuvre marquante. Avec votre plume, vous pourrez égaler les maîtres, petits et grands, dont vous revendiquez l'héritage.
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  6. Par Mario Sironi (1885-1961)

    En peinture comme en littérature, j'apprécie les créateurs réfractaires aux systèmes et aux dogmes de leur temps. Qu'ils interviennent seuls ou en groupe, les anticonformistes ont toujours eu mes faveurs. Ainsi Futurisme & Futurismes, le magnifique catalogue réalisé pour l'exposition Futurismo & Futurismi présentée à Venise en octobre 1986 est l'un de mes livres (d'art) de chevet. Sa version française a été composée et imprimée cette année-là aux éditions Le Chemin vert qui ont fait un travail remarquable. Il y a quelques années, j'ai réussi à obtenir un exemplaire chez un bouquiniste éclairé, un volume que je conserve jalousement dans lequel figure le peintre Mario Sironi.

    A propos d'irréguliers, il faut que je vous parle du recueil épatant que Bruno de Cessole a consacré à quelques réfractaires des lettres françaises qui ont pour nom Aragon, Bloy, Debord, Modiano, Nimier, Houellebecq, Frank, Léautaud, Cioran, Genet, Kundera, Vialatte ou encore Stendhal. Le défilé des réfractaires - c'est son titre - a été réédité dans la collection de poche Tempus chez Perrin il y a quelques années. Ecrit dans une langue superbe, on peut ouvrir ce Journal de lectures n'importe où pour découvrir les éléments biographiques, bibliographiques et surtout les commentaires que Bruno de Cessole consacre aux auteurs frondeurs qu'il a réunis de façon subjective, c'est à dire selon son bon plaisir et sans exclusive, sans doute la meilleure façon d'opérer. Un livre idéal à glisser dans une poche, une valise ou dans sa bibliothèque à côté de ceux, exemplaires, de Roger Nimier (Journées de lectures chez Gallimard) et Pol Vandromme (Journal de lectures chez Lettera/L'âge d'homme), ces écrivains qui lisaient large.

    *******

    Note du 19 mai :
    Le blog est en vacances pour une durée, hum, indéterminée. Rien de définitif dans cette suspension, juste le besoin de prendre un peu de champ après 14 ans d'activité, une éternité dans le temps du web, et surfer sur la grosse vague de mélancolie qui menace de submerger le vieux boomer que je suis. Il est bien tard. Déçu - pas amer, nuance - du manque d'initiative de certains de mes contemporains dont j'espérais un peu plus de hardiesse et d'envie, je me sens isolé dans ce bout de pays riquiqui où règne l'ennui corporate, pétochard et émollient - le prix de la sécurité ? - aussi je fais une pause égoïste pour me rassembler et reprendre des forces, du moins essayer.
    Je vous souhaite le meilleur et je vous dis à plus loin, ici ou ailleurs. Dans une époque qui manque de dignité, ne lâchez rien.

    Note du 22 mai :
    Pour répondre à Debout - que je remercie du lien vers la bonne reprise de Joy Division -, ces jours je suis plutôt dans le registre "crooner contrarié". J'ai commandé le nouvel album de Luke Elliot dont le titre All On Board servi par une excellente vidéo fait mon bonheur.
    Carolyne, une autre merveille ciselée par ce crooner singulier percuté par Frankie ET les Cramps.


    Je vous souhaite un bel été.
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  7. Le look de la semaine. Courageuse mais pas téméraire, notre collaboratrice Miss Pamela s'est équipée dans le style SF rétro-futuriste pour affronter le coronavirus et ses effets collatéraux.

    Note : Le pistolet (laser ?) sert-il aussi à pulvériser les imbéciles ? On peut rêver. Le fait est qu'ils sont moins nombreux en ville pour cause d'anxiété viralo-médiatique ainsi que j'ai pu le constater hier soir lors d'un dîner délicieux avec des amis dans un restaurant habituellement très fréquenté. Une chose est sûre : on respire mieux même si on ne peut s'empêcher de penser que le traitement politico-médiatique de cette grippe asiatique permet d'"oublier" l'affaire d'espionnage Crypto AG qui a passablement éreinté ce qu'il restait de la neutralité suisse dans le pays et à l'international.
    Ah oui, bon ouikend.
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  8. Lost places and attitudes.
    L'œil dans le rétro pour un road movie noir/blanc... en chambre.
    Sur l'auto-radio - ou le magnéto -, Sound & Vision du Thin White Duke.

    A l'origine de cette sélection d'images, il y a le film de Christopher Petit Radio On* que j'ai vu à sa sortie en 1980 dans une salle détruite depuis, l'année où il fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes. Ce road movie plutôt lent exprime l'ennui et la solitude de nos années post-punk dans une Grande-Bretagne en crise et une Europe continentale dont les premières fissures annoncent les déchirements à venir. Un monde disparaît, un autre pointe son museau bling bling - celui des 80's tant décriées mais qu'on regrette un peu aujourd'hui - avant le basculement numérique et la mondialisation. (Le monde bipolaire était sécurisant.) Entre dandysme froid et contemplation résignée, Radio On est un film-constat pourvu d'une b.o. relevée : Kraftwerk, Bowie, Ian Dury,... Grattez un peu sur YT.
    A plus loin.

    * Sélectionné parmi les dix films "contre-cool" de Pierre Robin dans son Esthétique/Manifeste. (contre-cool) Dans cette liste figurent également L'année dernière à Marienbad (A. Resnais), Sous le soleil de Satan (M. Pialat), Délivrance (J. Boorman) mais aussi Le Führer en folie (P. Clair) et Eraserhead (D. Lynch).
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  9. Sur le plateau d'une pub* pour un parfum, Martin Scorsese donne ses indications à Scarlett Johansson et Matthew McCanaughey. Dans les haut-parleurs, Mina chante Il cielo in una stanza. Un court métrage en noir/blanc mélancolique cadré par un réalisateur étonnement apaisé. Pour le plaisir.
    Yaya m'a envoyé un lien vers la version de Gino Paoli - l'auteur du titre - que je trouve également de belle tenue.

    * Réalisée en 2013.
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  10. La voiture garée devant le regretté Pan Pacific Auditorium sur Hollywood Boulevard est un prototype Cadillac Le Mans de 1953 destiné à la course sur circuit. Il a été modifié - ou customisé - par Georges Barris, le créateur de la Batmobile.
    Source

    Je l'ai déploré à plusieurs reprises sur ce blog : en quelques décennies on a perdu la notion d'ensemble. Au générique de certains films anciens et au programme des théâtres d'avant, il y avait une ligne pour le métier d'ensemblier et ça n'était pas qu'une question de moyens financiers - on n'achète pas le talent : c'est lui qui décide de se vendre - mais de sens esthétique comme sur ce cliché où lignes et volumes se répondent pour donner à l'ensemble une cohérence. La cuisine de mes grand-parents dans les 60's était conçue avec ce sens aujourd'hui méprisé. Le nihilisme prôné dans les écoles d'art et de design est en grande partie responsable du gâchis postmoderne. La laideur est la norme. On empile, on déstructure et on afflige. Pour s'en rendre compte, il suffit de jeter un œil à un défilé de mode, au show room des designers de mobilier ou à l'architecture urbaine des nouveaux quartiers. La déstructuration dans les domaines artistiques est l'écho de la désagrégation générale.
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