1.  

    J'ai aimé et j'aime encore tout ce qui séduit, emballe et parfois déséquilibre et déroute. Dans le désordre, les musiques fortes, les belles femmes, l'opium, les Ecrivains, les îles, l'Art Nouveau... Devenu vieux, je tiens ma ligne. Comme l'a écrit Guy Debord, le léopard meurt avec ses taches et je n'ai pas la prétention de m'améliorer. (De mémoire) Parvenu à la retraite, je suis détaché sans être un déserteur : je me sens inactuel, voilà. Inactuel comme les merveilleux Croquis de mémoire de Jean Cau* que je vous conseille sans réserve quelque soit votre sensibilité idéologique. C'est un vrai livre d'écrivain. Sous sa plume formidable, on retrouve Hemingway, Malraux, Cocteau, Mitterrand, Carson McCullers, de Gaulle, Camus, Giono, Aragon, Faulkner... Ses croquis de haute époque sont empreints d'une poignante mélancolie piquetés de vacheries pleines de tendresse façon Cau. Un des plus fins et émouvants ? Celui qu'il consacre à son ancien patron, Sartre, où résonnent les échos de l'ancienne fraternité. A glisser sous le sapin d'un être aimé à Noël.
    On se retrouve après les fêtes. 
    Hasta la vista ! 

    * Réédités dans La petite Vermillon/La Table ronde.
    ** Je ne fume plus, je vapote. Vapoter, ce verbe mou et un peu misérable. Repenti ? Hum... Je n'aime pas cette appellation. Je dirais plutôt retiré. Retiré des drogues dures, oui. Dures, douces... C'est relatif vu le taux de THC contenu dans certains produits extraits du chanvre aujourd'hui. Quant à l'alcool, cette dope occidentale qui assomme trop vite ses adeptes, je trouve ses effets, directs et collatéraux, vulgaires. 
    (A développer)

    Note du 6 déc. 
    Ma compagne m'apprend qu'elle a enduit son visage d'un - je cite -"sérum repulpant". Que dois-je faire de cette info ?

    2

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  2.  

    Portrait Of Space par Lee Miller

    Un soir de spleen amer je découvre He'd Be A Diamond, une merveille interprétée live pour BBC Scotland par The Teenage Fanclub, un groupe fier et discret comme je les aime. J'entends dans leur prestation l'influence de Gene Clarke des Byrds et une poignante nostalgie. Je creuse un peu l'affaire et j'apprends qu'il s'agit d'une reprise habitée d'une composition de The Bevis Frond dont les paroles du meneur Nick Saloman m'explosent le cœur. Le groupe existe depuis... 1986 !

    Je vous mets les lyrics :

    When the tape runs out, the music keeps playing,

    And when the walls come down, it`s still hard to cross the line,

    And when his love is gone, he says he still needs her,

    And he wants to let you know,

    That if he had his chance again, he`d be a diamond.

    When you dab your eyes, the tears keep on falling,

    And when you blow your nose, it still gets blocked up and runs,

    And though you feel like shit, he says you look beautiful,

    And he swears by all the saints,

    That if he had his chance again, he`d be a diamond.

    Is he lying to get what he wants, or does he mean it this time?

    Is he running low on affection, and beer and dope,

    And an ironing board?

    And an unpaid analyst who shags?

    When you turn your back, you still see what`s behind you,

    And when you start afresh, you still think of days gone by,

    And when a heart is broken, it still goes on pumping,

    And he told me just last night,

    That if he had his chance again, he`d be diamond.

    Et pourquoi ce cliché pris par Lee Miller ? Aucune explication logique, peut-être une envie de désert.

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  3. Ces temps, tout me tombe des mains. Les objets, les idées et même des pans entiers de ma vie. Je ne retiens plus rien. Tout se délite. Je vogue et vaque à vue entre colère - ma part française -, déception et résignation - mon côté helvétique que j'ai passé une vie à contenir, à combattre : en vain. Tout se délite. Dégoûts mineurs, déceptions majeures. Mensonges et trahisons d'imbéciles - là, c'est en grande partie de ma faute car je n'aurais jamais du croire en la parole de tocards qui n'ont rien vécu à part les aventures des autres.  

    Passons !

    Pour me remonter le moral, je m'offre une chouette série B - ou Z ? - très rock'n'roll avec Mamie van Doren et ses affolants sweaters et Eddie Cochran himself dans un petit rôle où il crève l'écran. A propos des pionniers du rock, ces héros rockab', j'ai toujours préféré Eddie à Gene (Vincent) voire à Elvis The King. Ça se discute, mais pas ce soir. Je vous remets le lien de Untamed Youth (1957). Ce film doit pourtant être dans le domaine public. On verra s'il reste visible quelques temps...

    Dans la couleur rockab', je vous propose ce qui est selon moi l'une des meilleures compositions du grand Eddie, Three Steps To Heaven, l'original, un bijou ciselé la même année (1957). Dans le cultissime road movie Radio On de Christopher Petit sorti en 1979, Sting interprète un pompiste désabusé qui reprend un extrait du titre de Cochran. Je ne suis pas fan de l'ex-chanteur/bassiste de Police mais j'aime toujours revoir cette séquence étonnante. (Le film a été réédité en DVD.)

    3

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  4. La troublante Hilde Krahl (1917-1999) redécouverte grâce à l'essai passionnant d'Isabelle Mity, Les actrices du IIIe Reich - splendeurs et misères des icônes du Hollywood nazi (Perrin, 2022) dont j'ai repris quelques passages ces jours-ci. Comme le souligne l'historienne, si sous le IIIe Reich certaines déesses de l'écran d'argent incarnèrent effectivement l'idéal nazi de la femme aryenne, les stars que furent Zarah Leander, Olga Tchekhova, Sybille Schmitz ou encore Hilde Krahl étaient loin de correspondre aux canons esthétiques imposés par celui qu'on surnommait le bouc de Babelsberg ou le nain priapique, Joseph Gœbbels. Brunes, typées - Hilde Krahl, par exemple, était d'origine croate - à la sensualité ambigüe, ces créatures du cinéma nazifié contrastaient avec la fadeur des blondes Mädchen mises en avant par la propagande. Gœbbels lui-même vécut une passion torride pour Lída Baarová, une ravissante actrice tchèque qui faillit faire capoter son mariage. Hitler intervint et ordonna à son ministre de rompre cette relation adultère. Gœbbels vécut alors une période de dépression amoureuse. Le très mais pas tout puissant* ministre de la propagande était un cinéphile averti et un amateur de starlettes qu'il harcelait jusqu'à faire enlever celles qu'il voulait mettre dans son lit en menaçant de briser les carrières de celles qui auraient osé lui résister. Certaines ne cédèrent pas. 
    Après la guerre, on a pu voir Hilde Krahl jusque dans les années 90 sur les grands et les petits écrans. Elle fut distribuée - entre autres - dans l'inépuisable série Inspecteur Derrick.

    * Dans le IIIe Reich, le ministre de la Propagande avait de puissants rivaux : Himmler, Gœring, Ribbentrop que le Führer - lui-même cinéphile - savait mettre en concurrence en imposant in fine ses ordres.

    ***
    Sans lien direct.
    Depuis le début de ce blog, j'ai aimé jongler avec les époques, les ambiances et les sons. Ma curiosité pour les musiques pop/rock m'a conduit vers un titre live du band américain Lo Moon. (L.A.) Dans cette composition, j'entends des échos de Talk Talk ou de The War on Drugs. Ils seront en concert à Paris le 12 novembre au Badaboum.

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