1. Pour être honnête, à l'exception d'un ou deux titres, les albums de Gun N' Roses n'ont jamais décollé le papier peint chez moi. Cela posé, je crois que les disques solo de certains de ses membres valent mieux que l'ensemble de la discographie du groupe gonflée aux anabolisants. Ainsi, Izzly Stradlin (2e guitare) ou Duff McKagan (basse) ont enregistré des albums intéressants et honnêtes qui expriment leur goût pour des compositions de qualité. Quant à Slash - l'archétype du guitar hero revenu des excès -, ses pas de côté avec Velvet Revolver ou Myles Kennedy ont produit de bons titres même si je n'avais pas très envie de rompre des lances pour défendre ces heavy metal boys. Pour dire vite, après quelques mesures, le rock démonstratif et/ou virtuose-pompier m'a toujours lassé. C'est ou c'était pas mon truc. Heureusement, seuls les crétins ne changent jamais d'avis. Le nouvel album solo de Slash* nous invite dans les contrées du blues funky à l'ancienne redécouvertes grâce à un très gros son enveloppant. Il comporte une version juicy et crounchy en diable du hit absolu des Temptations Papa Was A Rolling Stone. Si les instrumentistes qui entourent Slash sont bien sûr impeccablement dans le groove, c'est à la qualité et à la présence inouïe de la voix que j'ai été conquis par l'affaire. La partie vocale a été confiée à Demi Lovato, un choix qui pouvait sembler curieux à qui ne connaît pas les capacités de la chanteuse. Or, c'est simple : elle casse la baraque. Elle est si prégnante, puissante et contrastée qu'on rêve d'un album entier de postmoderne soul de la dame. Quant au maître de cérémonie, à l'exception d'un solo court, il accompagne finement la voix de contre-riffs sur lesquels on a de suite envie de bouger ses genoux même cagneux ! 
    Papa Was A Rolling Stone par Slash et Demi Lovato : let's funk !

    * Quand j'écris solo... Orgy Of The Damned sur Gibson Records rassemble un plateau d'invités prestigieux, de Iggy Pop à Beth Hart, Paul Rodgers...

    (Photo : Julie Andrews)

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  2.  


    J'ai de la peine avec les faux dimanches (avec les vrais aussi), alors j'essaie de faire glisser ce lundi de Pentecôte tant bien que mal. Ma méthode est double : en faisant de la marche nordique pour aérer ma tronche et faire travailler ma vieille pompe et en pratiquant le culte des actrices, un culte auquel participe avec élégance Thomas Morales dont je reproduis les dernières lignes d'une chronique toute récente consacrée à notre Faye Dunaway que publie Causeur. Le prétexte ? Un portrait documentaire de la star réalisé par Laurent Bouzereau et projeté cette année à Cannes. Mais revenons à Morales :

    Lorsque l’on croise une véritable star, Faye en est l’incarnation la plus complète, la plus totale, la plus viscérale, on dévisse carrément. Il faut la revoir répondre en français au journaliste d’Antenne 2 en 1987 pour la sortie de « Barfly », film de Barbet Schroeder avec Mickey Rourke. Dans la puissance érotique de sa quarantaine et un sourire qui annihile tous les emmerdements, elle dit sobrement : « J’aime beaucoup la poésie de Bukowski ». Nous savons que ces mots-là vont s’implanter dans notre cortex pour de longues années. S’y fossiliser même. Je me souviens du jour où sa beauté apnéique m’est apparue. C’était sur une plage, dans un buggy rouge à moteur Corvair conduit par Steve, elle portait cet après-midi-là un pantalon blanc, un col roulé couleur crème aux manches retroussées et un carré à pois blancs sur la tête. Depuis, je ne peux me défaire de cette image…

    Je le comprends. Moi, c'est le regard d'Ornella Muti qui m'avait fait dévisser lors d'un interviouve. A plus loin.

    (Photos : Terry O'Neill en bas + capture d'écran pour le lecteur passionné de "L'affaire Thomas Crown")

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  3.  

    On commence avec Cuir et dentelle du grand Lee Hazlewood, un programme délicieux.
    On enchaîne avec un titre pop-rock 60's encapsulé par The Gants et on se quitte sur Chico Girl, la version des Crystals.
    Bon ouikend

    Note du 6 mai : The Gants se sont formés autour de Sid Herring, le chanteur-guitariste et compositeur, dans le Mississippi suite à la révélation du british sound qui déferla sur les USA au milieu des années 60 avec les premiers disques des Beatles, Stones, Them et autres Animals, Kinks,... Ces gandins anglais, écossais, irlandais avaient redécouvert le blues et le rythm'n'blues US  qu'ils électrifièrent à leur manière en y ajoutant une pincée de pop. Retour à l'envoyeur puisqu'à leur tour, des écervelés américains ré-interprétèrent l'affaire en y injectant du fuzz, de l'écho et ce weird sound provoqué par l'absorption de certaines substances psychotropes. A travers tout le pays, des dizaines de milliers de jeunes gars se laissèrent pousser la frange, cassèrent leur tire-lire et achetèrent leur première guitare, basse, orgue (Hammond) et/ou batterie. Les garages des banlieues nord-américaines se mirent à résonner de sons étranges : le rock psycho-punk originel était né et fit florès. Moi, j'aime bien ce I Wonder charmant.


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  4. Les braves gens ne courent pas les rues... Et ce sont les violents qui l'emportent... Mon mal vient de plus loin... Les titres des nouvelles de l'immense Flannery O'Connor (1925-1964) m'ont intrigué, attiré avant de me démonter. Miss O'Connor savait l'art de mener son lecteur au bord du gouffre où elle le retenait en suspension. Peur et plaisir. 
    Une nuit d'après concert à Genève il y a longtemps, en échangeant avec Nick Cave sur ses passions littéraires, j'appris que la dame de Savannah en Géorgie faisait partie de ses auteurs préférés. Il la mettait aussi haut que Faulkner, ce qui ne m'étonna pas vraiment. Aussi l'annonce d'un film, Wildcat, réalisé par le fin Ethan Hawke d'après ses écrits et des éléments biographiques me réjouit. Hawke met en images le récit des tentatives de la jeune Flannery pour faire accepter et publier ses textes jugés trop rudes, trop violents pour une jeune femme du Sud atteinte qui plus est de lupus érythémateux systémique, une saloperie de maladie auto-immune chronique. L'acteur-réalisateur dirige sa fille Maya aux côtés de Rafael Casal, Philip Ettinger, Cooper Hoffman, Steve Zahn et Laura Linney. L'accueil critique aux USA fut plein de louanges pour la réalisation.

    Le Sud, entre la fureur et l'oubli.
    La collection Quarto/Gallimard a édité ses œuvres complètes en 2009 en un volume indispensable à ceux que la littérature du Sud passionne. De son style, sa "petite musique", Marie Liénard écrit :
    Le langage du Sud, c’est aussi la propension à raconter des histoires. Le Sud est un « raconteur d’histoires », souligne O’Connor avec humour dans l’une de ses lettres ; l’écrivain y préfère même la littérature à la vie. Son public aime donc les histoires, où l’humour se mêle de gothique, où satire et ironie informent le réalisme. Ces manières, dont O’Connor indiquait qu’elles étaient une question de « survie », permettent à la vie sociale de se dérouler « comme si » : comme si la défaite de la guerre de Sécession n’était pas une défaite, comme si le passé pouvait gérer le présent — voire le changer — et comme si les relations entre les races, en particulier, existaient. Or, une parabole, c’est d’abord une histoire. L’histoire connorienne tient en haleine, se caractérise par une compression et une non-résolution. L’irruption de la tournure orale — à travers des expressions telles que « pensait-il » ou « croyait-il » — mettent en scène le point de vue du narrateur-conteur ; les commentaires ironiques et les incises condescendantes laissent entendre sa voix. O’Connor interrompt le rythme de la narration par des alinéas qui semblent inviter à une lecture à haute voix pour en donner toute la saveur et le tempo. 

    Source : Revue Etudes, mai 2005.

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