Mon inappétence pour 95% de la production artistique actuelle - musicale, cinématographique, littéraire*, plastique et scénique - n'est ni une pause dans le continuum d'ennui sec ni une pose. (il fait l'intéressant.) J'aimerais vraiment être séduit par davantage de propositions. Ce constat navrant m'incite à "prendre le maquis" pour échapper aux inepties de la création postmoderne et à ses haut-parleurs médiatiques aux ordres.
Aujourd'hui plus qu'à aucun autre moment du dernier demi-siècle, des lieux de rencontres éphémères, réels ou virtuels, offrent des sanctuaires fragiles mais irréductibles aux voyageurs blessés de l'Art. Les humanistes déçus sont les plus intraitables contempteurs de leur époque dévoyée mais ils éprouvent aussi le besoin de souffler. Sur cette respiration, le club des Inactuels vous donne le bonjour.
Pour aller avec (ou pas), une perle pop pastel du duo Everything But The Girl, un titre définitivement hors saison.
* Un exemple ? Je termine un peu déçu Scarlett, le "roman vrai" de François-Guillaume Lorrain (Flammarion) qui raconte le montage dantesque par le mogul génial et azimuté David O. Selznick du film de tous les superlatifs, cet improbable Gone With The Wind/Autant en emporte le vent dont la production fut bouclée la veille de la Seconde guerre mondiale. Le récit de Lorrain salué par la critique et les libraires est bien tourné, documenté et efficace mais je n'y ai pas lu les échos de la folie paranoïaque, du glamour dévasté et des miroirs éclatés que j'espérais y trouver; un livre qui ait un peu de la démesure hantée d'un James Ellroy dans ses polars hollywoodiens avec la "branche" stylistique des écrivains du Sud hantés par la perte. (Penn Warren, O'Connor) Scarlett m'a fait juste passer un bon moment alors que son thème méritait à un traitement plus dense et plus... sauvage ? Sauvage, c'est ça. C'est trop poli-policé.
Parmi mes derniers enthousiasmes, toujours dans le domaine du roman contemporain, je vous recommande Le voyant d'Etampes d'Abel Quentin aux éditions de l'Observatoire. C'est le récit de la chute d'un anti-héros romantique et cynique, à l'ère des réseaux sociaux et des dérives identitaires. C'est aussi un tableau très fin du paysage idéologique actuel propice à tous les amalgames, aux prises d'otages les plus odieuses et à la mise au pilori de celles et ceux qui ne pensent et n'écrivent pas Bien.
(Il faudrait vraiment que je me botte les fesses pour rédiger un billet littéraire plus conséquent. Je procrastine, je procrastine.)
Sur ma B.O., une belle compo de Father John Misty extraite de son dernier album.
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