Mark nous a plantés.
J'ai envie de réécouter la puissante session du Mark Lanegan Band pour le label 4AD captée à NY il y a quelques saisons.
Retour en 2008. Cette année-là, je jouais en boucle les premiers albums du loner. J'avais rédigé pour15minutes un court billet que m'avaient soufflé ses compositions cabossées, inspirées et inspirantes. Des chroniques incarnées par une voix unique, papier de verre et velours.
Je l'ai retrouvé :
Sur la pochette, un cendrier plein, un paquet de clopes, une bible et une bouteille de whisky. On imagine Lanegan décalqué au raide, écroulé sur le pieu de sa chambre de motel louée sous un pseudo. La télé est allumée en permanence mais il a coupé le son. Sa caisse de location est garée sur le parking du motel dans une banlieue de Seattle, de Kansas City ou de L.A. Il attend le sommeil. Au moment où il va enfin s'endormir, le téléphone de la chambre sonne - il a balancé son portable dans la poubelle d'une aire d'autoroute pour ne plus être emmerdé par les tourneurs, son agent, ses maisons de disques et ses complices de sessions. Après quinze sonneries, une fraction d'éternité, il décroche. C'est Isobel Campbell. Elle a réussi à retrouver sa piste en secouant tous ses réseaux, allant jusqu'à engager un privé sur la côte Ouest :
- 'Tain, Mark ! T'es vivant ?! Bon, on oublie la dernière fois et tu rappliques ici. Je t'ai réservé un billet business class pour Londres à retirer au guichet de British Airways. Il décolle demain. Tu vas le prendre. C'est tout. Salut.
Quelque chose dans le genre.
Le rock a perdu une grande voix; moi, un (autre) ami des nuits blanches.
Note : J'ai volontairement bousculé la chronologie dans ce billet. L'album Whiskey For The Holly Ghost - le premier disque solo de Mark chez Sub Pop - est bien sûr antérieur à sa collaboration avec la chanteuse Isobel Campbell du groupe Belle & Sebastian. C'est la pochette qui m'a donné envie d'écrire une brève chronique sans souci de continuité historique. Seule l'ambiance compte...
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