1. Par Mario Sironi (1885-1961)

    En peinture comme en littérature, j'apprécie les créateurs réfractaires aux systèmes et aux dogmes de leur temps. Qu'ils interviennent seuls ou en groupe, les anticonformistes ont toujours eu mes faveurs. Ainsi Futurisme & Futurismes, le magnifique catalogue réalisé pour l'exposition Futurismo & Futurismi présentée à Venise en octobre 1986 est l'un de mes livres (d'art) de chevet. Sa version française a été composée et imprimée cette année-là aux éditions Le Chemin vert qui ont fait un travail remarquable. Il y a quelques années, j'ai réussi à obtenir un exemplaire chez un bouquiniste éclairé, un volume que je conserve jalousement dans lequel figure le peintre Mario Sironi.

    A propos d'irréguliers, il faut que je vous parle du recueil épatant que Bruno de Cessole a consacré à quelques réfractaires des lettres françaises qui ont pour nom Aragon, Bloy, Debord, Modiano, Nimier, Houellebecq, Frank, Léautaud, Cioran, Genet, Kundera, Vialatte ou encore Stendhal. Le défilé des réfractaires - c'est son titre - a été réédité dans la collection de poche Tempus chez Perrin il y a quelques années. Ecrit dans une langue superbe, on peut ouvrir ce Journal de lectures n'importe où pour découvrir les éléments biographiques, bibliographiques et surtout les commentaires que Bruno de Cessole consacre aux auteurs frondeurs qu'il a réunis de façon subjective, c'est à dire selon son bon plaisir et sans exclusive, sans doute la meilleure façon d'opérer. Un livre idéal à glisser dans une poche, une valise ou dans sa bibliothèque à côté de ceux, exemplaires, de Roger Nimier (Journées de lectures chez Gallimard) et Pol Vandromme (Journal de lectures chez Lettera/L'âge d'homme), ces écrivains qui lisaient large.

    *******

    Note du 19 mai :
    Le blog est en vacances pour une durée, hum, indéterminée. Rien de définitif dans cette suspension, juste le besoin de prendre un peu de champ après 14 ans d'activité, une éternité dans le temps du web, et surfer sur la grosse vague de mélancolie qui menace de submerger le vieux boomer que je suis. Il est bien tard. Déçu - pas amer, nuance - du manque d'initiative de certains de mes contemporains dont j'espérais un peu plus de hardiesse et d'envie, je me sens isolé dans ce bout de pays riquiqui où règne l'ennui corporate, pétochard et émollient - le prix de la sécurité ? - aussi je fais une pause égoïste pour me rassembler et reprendre des forces, du moins essayer.
    Je vous souhaite le meilleur et je vous dis à plus loin, ici ou ailleurs. Dans une époque qui manque de dignité, ne lâchez rien.

    Note du 22 mai :
    Pour répondre à Debout - que je remercie du lien vers la bonne reprise de Joy Division -, ces jours je suis plutôt dans le registre "crooner contrarié". J'ai commandé le nouvel album de Luke Elliot dont le titre All On Board servi par une excellente vidéo fait mon bonheur.
    Carolyne, une autre merveille ciselée par ce crooner singulier percuté par Frankie ET les Cramps.


    Je vous souhaite un bel été.
    8

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  2. Little Richard was bigger than life.

    La vie de Richard Wayne Penniman - Little Richard à la ville - fut intense, chaotique, violente et courageuse. Au début des années 50, quand on est un jeune noir gay et un rocker hurleur, il faut avoir la paire bien accrochée pour prétendre faire carrière dans le showbiz'. A l'époque, des prédicateurs condamnent le rythm'n'blues et des radios le bannissent de leurs ondes. Mais Richard n'a peur de rien ni de personne, son Créateur excepté, puisqu'en 1958 il arrête le rock and roll pour entrer en religion. Devenu un adventiste du 7e jour - ça ne s'invente pas -, il grave des rondelles de gospel mais quelques saisons plus loin n'y tenant plus, il redevient un adepte de la musique du diable et repart en tournées avec les nouvelles stars de la jeunesse : les Beatles et les Stones dont il est l'un des héros. Suivent alors des années up & down jusqu'au revival rockbilly du début des années 80 quand la génération de l'after-punk s'enflamme pour les standards fameux du rockeur à la pompadour improbable.
    Dans les archives du blog, j'ai repéré des morceaux moins connus de Little Richard. On retrouve tout d'abord Sa Majesté dans Scuba Partyun titre de la B.O. du film Catalina Caper sorti en 1967 et plébiscité pour15minutes il y a quelques années puis dans Midnight Special.

    Je profite de ce billet pour saluer un autre rocker historique qui vient de casser sa pipe. Le discret Dave Greenfield était responsable du son des Stranglers, ces mauvais garçons un peu roublards qui surent glisser des accroches pop dans leur rock tourmenté. Derrière ses claviers, le fin musicien qu'était Dave apporta au groupe une touche reconnaissable entre toutes en co-signant les plus grands hits de la bande à Burnel tel le carton planétaire que fut Golden Brown en 1981. Plus âpre et rugueux, Hanging Around tourna beaucoup sur nos platines à la fin des années 70.

    Une prière : plus personne ne meurt jusqu'à la fin du mois.
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  3. Auf Wiedersehen und Danke sehr
    Yaya et René

    Ces jours quand The Telephone Call, c'est toujours pour des nouvelles tristes.
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  4. C'est sur le rire de Monica Viti que je vous envoie mes vœux les meilleurs pour le déconfinement.

    Avec sa lettre, Michel Houellebecq atteint une fois encore le cœur de la cible.
    Etre contemporain, c'est avoir un jour d'avance - la distance des grands créateurs.

    A plus loin, ici ou ailleurs.
    Prenez soin de vous.

    RC
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  5. Une des premières séances photos d'Anna Karina. Débarquée encore mineure de son Danemark natal, elle avait été repérée par la photographe Catherine Harlé, cette femme à la vista formidable qui créa l'agence portant son nom. Au début des années 60, elle bouleversa les codes du mannequinat. Suivirent - dans le désordre - Zouzou, Marianne Faithfull, Nico, Anita Pallenberg, Elizabeth Tessier, Veruschka, Amanda Lear ou encore Dani qui posèrent pour les meilleurs photographes de l'époque.

    A propos d'Amanda Lear, il y a huit ans pour15minutes consacrait un court billet au Sphinx :
    Depuis son apparition scandaleusement sublime sur la pochette de For Your Pleasure de Roxy Music (1973), je sais que cette chère Amanda a été dotée d'un esprit rock'n'roll. Une preuve ? Ses présentations des soirées Summer Of The 70's sur Arte (...) furent les meilleures des grilles pop et rock de la chaîne. Amanda a pigé que la télé, ça n'est pas sérieux, alors elle s'amuse en la faisant. Cette apparente désinvolture dissimule un vrai professionnalisme - les talk shows en Italie auront aussi servi à ça - dont devraient s'inspirer certains animateurs-journalistes aux prétentions culturelles. Pour sa carrière de chanteuse, elle était un peu paresseuse. Elle n'a pas osé quitter le sillon disco. C'est dommage parce que The Sphinx (1978) a quelque chose d'un Lee Hazlewood qui aurait pris un coup de lune sous une boule à facettes. On imagine l'album qu'elle aurait pu enregistrer - avec Bertrand Burgalat aux manettes, par exemple - comme celui qu'ont ciselé certains grands formats du songwriting pour Nancy Sinatra.

    Une pensée pour Elise et Maud qui quittent le Rameau d'Or, ma librairie à Calvingrad.
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  6. Contre le chute des... idées ?
    Par Dora Maar

    Il est bien tard; l'époque est chauve.
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  7. Chez vous, je ne sais pas mais à ici à Calvingrad, il fait un temps à rester calfeutré malgré le déconfinement progressif pour découvrir ou revoir ce portrait documentaire agréable consacré à notre Françoise, cette discrète magnifique que tout le monde a voulu courtiser et une des rares icônes (et muses) pop françaises. Le film est de 2016.

    PS : A la seconde vision, j'ai trouvé l'improbable duo bastringue allemand plus drôle que les chanteuses françaises qui se prennent vraiment trop au sérieux.

    Photo : JP Laffont
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