Cravan, Vaché,
Rigaut... Des noms comme mots de passe. Une attitude face à l'existence. Des œuvres minces mais pas légères, nuance. Au milieu des 70's, on avait 17 ou 18 ans. On avançait avec ces poètes aventuriers en bandoulière qui pratiquaient l'
Umour sans "h" bien sûr. L'expression est de Vaché dans une lettre du front à Breton lue la première fois dans le recueil édité par Losfeld. Pour nos contemporains, ils étaient trop ésotériques ou si légers. Tant mieux : on était peu partageurs et la minceur nous convenait. Grâce à eux, on espérait bousculer le conformisme ambiant. Ils nous offraient l'armure dandy et les munitions pour fusiller les imbéciles. Tout ça avant le punk, bien avant le ouèbe, quand il fallait creuser, gratter. On épuisait nos profs de lettres, les libraires passionnés et les bibliothécaires les plus endurants pour déterrer des pépites : le volume 10/18
Les suicidés de la société, l'
Anthologie de l'humour noir d'André Breton, les éditions Gérard Lebovici pour les œuvres d'Arthur Cravan (dans les 80's) et les
Ecrits de Jacques Rigaut chez Gallimard publiés en 1970 illuminèrent nos rayonnages.
Depuis cette époque, je suis l'actualité de "mes" auteurs à travers l'annonce d'une réédition, la découverte d'un inédit, la copie neuve d'un film (
Le Feu follet de Louis Malle) et, aujourd'hui, une biographie très attendue, celle que
Jean-Luc Bitton consacre à
Jacques Rigaut, le suicidé magnifique publiée par Gallimard avec une préface d'Annie Le Brun, la vraie classe.
Rendez-vous samedi dès 17h30 à la librairie le
Rameau d'Or à Genève.
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