Scan : Un jour à Berlin en 1979 par Esther Friedman.
La cité que j'ai parcourue et aimée deux ans plus tard a disparu après la chute du mur sous le glacis de l'univers mondialisé postmoderne. A la place, on nous a fourgué du musée et de l'ersatz, du festif et de la street parade. Je leur préférais les petits bars dans lesquels on allait manger un goulash consistant arrosé d'une grande bière blonde - c'était avant la mode bio-vegan à tous les étages - au milieu de travailleurs, de militaires des forces d'occupation, de macs et de punks, de putes et de business men. Et sans doute aussi un honorable correspondant sorti de la trilogie de John Le Carré. ;) La sensation unique d'être assiégé créait une solidarité éphémère que je n'ai jamais retrouvée ailleurs. Pour en saisir les fragrances, il fallait sortir en boîte tard, très tard. Dans des lieux reconvertis à moindre frais, j'ai croisé quelques unes des créatures les plus spectaculaires de l'époque qui me rappelèrent les Incroyables et les Merveilleuses sous la Terreur et le Directoire. J'ai alors compris l'attraction romantique de cette ville improbable sur certains des plus brillants créateurs de l'époque. On avait envie de filmer et de chanter la grande Marche à l'Est.
Ce coup d'œil nous offre, je trouve, un des meilleurs portraits d'
Iggy Pop. A l'époque, il vit discrètement à Berlin dans un petit appart' loin des contacts toxiques. Il se refait une santé grâce à son ami David Bowie qui lui-même tente de mettre un frein à sa surconsommation de cocaïne. Le
Thin White Duke l'accompagne au piano en tournée. 1979 est aussi l'année de sa renaissance artistique, l'année de
New Values, un des grands albums de la discographie de James Osterberg.
So Bored ?
Il y a quelques jours, l'ami Olivier est passé avec une playlist compilée par un DJ star allemand dont j'ai oublié le nom. Etonnamment, elle ne comportait aucun truc bruyant, répétitif et vain mais un choix bien dosé - le gars s'est fait plaisir - de titres en allemand puisés dans le rock de la
Neue Deutsche Welle des 80's (Profil, Ideal, Palais Schaumburg, Andreas Dorau und so weiter) et dans le répertoire plus classique de chansons interprétées par notre Hilde Knef et d'autres voix de la Schlager pop ou jazzy. Cette sélection a éveillé d'excellents souvenirs.
Note du 28 juillet :
Dans les années 80, si Iggy se porte mieux, il se perd musicalement. Rescapé des toxiques, il oublie la hargne et le sens du danger. Ses albums surproduits tentent de décrocher la timbale; en vain. Ils déroutent et irritent les fans des Stooges sans parvenir à séduire le grand public. Il y a une exception, l'improbable mais excellent 33T
Zombie Birdhouse co-produit par Chris Stein de Blondie qui vient d'être réédité par le label Caroline. C'est LE disque d'Iggy à sauver dans sa discographie boursouflée des 80's. Comme l'écrit justement Nicolas Ungemuth dans
Rock&Folk d'août,
la carrière solo d'Iggy Pop est un immense gâchis. La cause en est simple : Iggy, contrairement à d'autres (Lou Reed, Bowie, John Cale), est à peu près incapable de composer seul. L'association avec Chris Stein, Rob DuPrey à la production et l'excellent Clem Burke derrière les fûts créa un miracle. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter
Run Like A Villain ou le bien secoué
Eat Or Be Eaten capté lors d'un passage télé. Danger was back !
Bon ouikend
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