1. Chère Mylène, que faire pour15minutes ? Continuer au risque de lasser par les redites, poursuivre autrement (1) ou arrêter ? Il ne faut rien brusquer aussi je me donne le temps de la réflexion avant de trancher. La déprime hivernale ne doit pas guider mon choix. En attendant des jours meilleurs, j'érige une barricade de livres* et je plonge dans la discothèque pour une b.o. contrastée.
    A chaque écoute, cette berceuse interprétée par Zarah Leander me pousse vers une agréable séquence melancholia. J'ai envie de revoir La maman et la putain de Jean Eustache. (1973)
    Pour sortir de la torpeur contemplative, je ne connais rien de mieux qu'un shoot de soul administré par Aretha Franklin.

    *Lectures :
    Philippe Muray Dans la nuit du nouveau monde-monstre III Exorcismes spirituels, Karl Ove Knausgaard Comme il pleut sur la ville, Boualem Sansal, Le train d'Erlingen, Benoît Duteurtre, En marche ! Dylan Jones, David Bowie - A Life et aussi Bloy, Obertone, Gilberti, Hölderlin, de Bodinat,... (Le dernier Liberati m'est tombé des mains : impression de redite.)

    26 janvier
    La chanson Les Moulins de mon cœur composée par Michel Legrand (1932-2019) a été interprétée jusqu'à la saturation mais il y a une exception, la belle reprise de Dusty Springfield sous le titre Windmills of your Mind qui figure, et ce n'est pas un hasard, sur son meilleur album, Dusty in Memphis paru en 1968.
    A plus loin

    (1) Des amis m'ont conseillé de ne surtout pas aborder directement les questions sociétales politiques (ou idéologiques) : "il n'y a que des coups à prendre !" Pas faux, et de toute façon, même si mes cantons français comme je les appelle sont affligés par l'effondrement des valeurs du pays de ma mère, que dire depuis la bulle helvétique ? Privilégié, je me permets néanmoins de temps à autre un coup de griffe par la bande mais la ligne du blog reste "pop culturelle" au sens large.
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  2. J'interromps les vacances pour déposer ce cliché de Weegee. Il s'agit du building* du Machin, pardon de l'ONU à New York saisi par le photographe au milieu des années 50, une image retravaillée au cours de ses recherches sur les distorsions.
    Source

    Dans le jukebox, extrait de la compilation tout-à-fait recommandable contre la déprime hivernale Cover Me - The Eddie Hinton Songbook -, je vous propose Help Me Make It (Power Of A Woman Love)un titre qui figure sur l'album Coup de Grâce de Mink DeVille.
    Eddie Hinton fut un compositeur, arrangeur et musicien surdoué de la fameuse Muscle Shoals Rhythm Section. Il souffrait de troubles psychiques aggravés par une consommation toxique d'alcools et de dopes dures qui lui fit mener une vie cabossée, douloureuse et chaotique. Son cœur malade finit par le lâcher en 1995 à l'âge de 51 ans. Cette compilation aux p'tits oignons éditée par le label Ace rend un bel hommage à son talent. Elle rassemble vingt-quatre de ses compositions interprétées par des pointures de la soul et du rock telles Dusty Springfield, Bobby Womack, Willy DeVille, Aretha Franklin, Percy Sledge, Candi Staton...
    A plus loin

    * Erigé entre 1947 et 1952 d'après les plans de Le Corbusier, Oscar Niemeyer et le bureau Harrison & Abramovitz. (Du sérieux)
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  3. Tania Mallet

    Pour15minutes est en vacances. (longues et blindées)

    Je profite de cette pause pour ressortir des livres et quelques disques. Parmi ceux-là, les albums des Del Fuegos*, des mousquetaires soniques débarqués de Boston au début des années 80. Le contraste fut sévère entre le mainstream pop synthétique alors en vogue et le rock'n'roll abrasif des Bostoniens. Un bref aperçu de leur énergie sur scène avec la vidéo d'un passage télé durant lequel ils jouent en direct It's Alright. Une bonne dégaine, l'assurance musicale et la fierté rock. Le public semble sidéré. Too much too soon !

    * Ecouter A Town Called Love, entre rock et funk, dans le billet précédent.
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  4. (Après l'amour ?)

    A Town Called Love ?
    On aimerait bien sûr, mais les temps sont âpres, durs, sans merci. Le pouvoir affolé soutenu par des zélites déconnectées du réel fait cogner sur le peuple français qui trouve ses héros. Dans L'Incorrect, Patrick Eudeline signe une belle chronique avec panache : Beau geste et noble art.
    Simone, jours de colère disait un maçon qui était aussi un philosophe titré il y a 40 ans. Rien n'a changé, au contraire, j'envisage le pire.
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  5. Les premières lignes de Sérotonine, le nouveau roman de Michel Houellebecq :

    C'est un petit comprimé blanc, ovale, sécable.

    Vers cinq heures du matin ou parfois six je me réveille, le besoin est à son comble, c'est le moment le plus douloureux de la journée. Mon premier geste est de mettre en route la cafetière électrique ; la veille, j'ai rempli le réservoir d'eau et la filtre de café moulu (en général du Malongo, je suis resté assez exigeant sur le café). Je n'allume pas de cigarette avant d'avoir bu une première gorgée ; c'est une contrainte que je m'impose, c'est un succès quotidien qui est devenu ma principale source de fierté (il faut avouer ceci dit que le fonctionnement des cafetières électriques est rapide). Le soulagement que m'apporte la première bouffée est immédiat, d'une violence stupéfiante. La nicotine est une drogue parfaite, une drogue simple et dure, qui n'apporte aucune joie, qui se définit entièrement par le manque, et par la cessation du manque. 

    Quelques minutes plus tard, après deux ou trois cigarettes, je prends un comprimé de Captorix avec un quart d'eau minérale - en général de la Volvic.

    Pourquoi Michel Houellebecq ? Je ne vais pas tourner autour de l'encrier, enfin du clavier. Parce qu'il est l'un des rares écrivains francophones capables à travers des histoires romanesques de nous parler de l'aujourd'hui/maintenant sans lyrisme à deux euro, sans humanisme bêlant ou nombrilisme vain et parce que son style sobre, fluide et direct - il emploie des termes empruntés aux langages informatif, technologique, cinématographique, érotique... - séduit le lecteur sur la durée alors que tant d'auteurs actuels l'abandonnent après deux pages. Ce style direct en prise avec l'époque est sans doute le fruit d'un lent et minutieux travail d'écriture et de réécriture car si "tout le monde" peut faire des phrases, il est délicat de sonner simple et juste. Quant au fond, un humour jaune, un désespoir noir - ou l'inverse -, une pincée de pornographie, l'art du portrait et le sens de la provocation à effet retard ont fait du romancier français à l'air affligé un des grands écrivains contemporains. Un deuxième court extrait :

    Au fond, pourtant, Yuzu pute, je n'y croyais guère. J'avais fréquenté beaucoup de putes, tantôt seul, tantôt avec les femmes qui avaient partagé ma vie, et il manquait à Yuzu la qualité essentielle de ce merveilleux métier : la générosité. Une pute ne choisit pas ses clients, c'est le principe, c'est l'axiome, elle donne du plaisir à tous, sans distinction, et c'est par là qu'elle accède à la grandeur.

    Sérotonine est édité chez Flammarion.

    A plus loin, si tout va bien.

    Note du 17 janvier :
    La vengeance du figuratif ?
    Michel Houellebecq est d'ores et déjà l'auteur d'un classique de la littérature française, La Carte et le Territoire dont les personnages centraux évoluent dans le milieu de l'art contemporain. Le souvenir du plaisir éprouvé lors de sa lecture me donne envie de déposer un lien vers la bande-annonce saignante de Velvet Buzzsaw visible le 1er février sur Netflix. L'action du film a également pour cadre le milieu de l'art...
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  6. Des exigences esthétiques, un anticonformisme joyeux, du style, du style et encore du style. Littéraire, musical et visuel pour éprouver des plaisirs d'intensité variée à travers le filtre d'un égoïsme bien tempéré. En 2019, on ne transige pas, on tient la ligne pour ne rien lâcher de notre mode de vie. Merci de votre fidélité et... BONNE ANNEE !

    Sur la b.o., un titre à la production pop luxuriante et classieuse so british 60's exhumé par l'animateur d'une chaîne soul YT de belle tenue, celle de Francosoul qui fait parfois un pas de côté vers la pop. Tower Tall sorti l'année 1963 est l'un des morceaux rétro-chic que j'ai le plus écoutés en 2018. Emballé d'une production ambitieuse à la limite du kitsch - on pense à certains morceaux de Scott Walker - et mélancolique comme la pop anglaise seule sait en produire, le titre est porté par la voix sûre, juste et mélodramatique de Don Charles. Le chanteur a fait partie de l'écurie à Joe Meek, un vibrionnant dénicheur de talents, un producteur affuté, un pionnier sonique - le hit Telstar des Tornados, c'est lui - mais aussi un génie pop tourmenté (bi-polaire non décelable à l'époque ?) qui mit fin à son existence en 1967 en se brûlant la cervelle après avoir flingué sa logeuse accidentellement comme le film ci-dessous le suggère. Il avait 37 ans et vivait difficilement son homosexualité dans une Grande-Bretagne encore répressive même si sa fin ne saurait être réduite à ses préférences sexuelles.
    En 2008, les Britanniques ont pu voir Telstar: The Joe Meek Story, un biopic' de bonne tenue dont le script s'inspirait de certains épisodes de la vie de cet excentrique ultra créatif et dictatorial qui vira paranoïaque. Servie par un casting bien choisi et pourvue d'une chouette bande-son, l'affaire se laisse regarder. (En v.o. Je ne connais pas de meilleure méthode pour travailler son anglais.)

    PS : Je vais mettre une pression amicale à Olivier pour qu'il nous concocte un billet sur le crooner berlinois Friedrich Liechtenstein qui a su se réinventer à soixante ans. A venir si...

    Photo : André Kertész
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