Jacques Monory, 1924 - 2018
J'avais 17 piges au milieu des années 70 quand j'ai découvert son œuvre et son univers. Certaines de ses toiles avaient été reproduites en trop petit format dans un numéro de la revue
Poésie 1, La nouvelle poésie française consacrée aux voix beat - notamment celle de Claude Pélieu - qui résonnaient bien durant des années marquées par l'écoute des grands albums de Dylan, entre autres poètes électriques. Dix ans plus tard, Joseph Farine, un galeriste de Genève (
Andata/Ritorno) devenu un ami après une nuit à la radio où il s'était un peu raconté, m'avait prêté un poème-objet conçu par Jacques Monory qui était son ami. L'objet me fascinait. Il s'agissait d'une mallette en acier brossé percée de deux vraies balles tirées par l'artiste. Elle contenait un revolver (bouché), les balles, des sérigraphies, une carte maritime et le livre "La Victoire à l'ombre des ailes" de Stanislas Rodanski dont la couverture était de la main de l'artiste. Je la conservai quelques temps, la montrant à un petit cercle de gens très chers, avant de la rendre à son propriétaire - à regret. Les années passèrent jusqu'à la rencontre avec l'artiste un soir de vernissage où je lui fus présenté par Joseph. Je vis Jacques Monory comme un dandy un peu las au regard malicieux dont l'œuvre magistrale surnageait à peine - pensez, un figuratif brillant ! - au milieu de l'ineptie postmoderne. Cette rencontre avec un artiste, un passeur qui avait marqué mon adolescence fut une réussite. Dans dix ou quinze ans, quand je serai bien vieux et fatigué, je demanderai peut-être à Joseph de me prêter une fois encore la mallette à Jacques.
Descriptif d'après la page d'un catalogue indiqué par un lecteur :
La valise traversée de deux coups de révolver contient le livre et cinq sérigraphies, un revolver, deux balles et une carte maritime.
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