Inauguré en 1923, Tempelhof fut l'aéroport emblématique du Berlin de la guerre froide. Aujourd'hui désaffecté (depuis 2008), il offre aux promeneurs, aux coureurs et aux lapins un havre en pleine ville. Sportifs, touristes, pique-niqueurs, scénaristes en repérage et retraités, tous se croisent ravis de profiter d'un tel espace au coeur d'une métropole aux dimensions fascinantes. Pas assez exploités, le hall principal, les anciens bâtiments administratifs et leurs sous-sols ont néanmoins servi de décors à la série (noire) de politique/science-fiction
Counterpart, une production recommandable.
Le thème
?
En 1987
, une expérience ultra-secrète a foiré et la réalité a été dédoublée. Seules les élites des deux côtés sont tenues informées de la situation réelle et de ses conséquences. Géré par les agences gouvernementales, un passage a été maintenu entre les mondes parallèles jusqu'au jour où des éléments mettent en danger la coexistence pacifique. Un petit fonctionnaire va alors être projeté brutalement dans cet univers kafkaïen auquel rien ne l'avait préparé. L'utilisation de l'aérogare désaffecté est habile et confère à la série une esthétique singulière qui renforce l'impression paranoïaque, quelque part entre
Brazil et les projections de Philip K. Dick.
Durant une promenade sur le tarmac, j'imaginais l'incessant trafic des pilotes alliés qui ont pris tous les risques aux commandes de leurs
Dakota pour apporter à la cité encerclée par l'armée rouge tout ce dont une ville de sa taille avait besoin. Un monument - une aile géante très sobre - a été érigé à la mémoire des pilotes morts en service. J'aurais aimé voir des tirages noir/blanc au format universel sur des panneaux disposés autour des bâtiments. Ils rappelleraient au passant les moments forts d'une histoire berlinoise qui n'en fut pas avare. L'entre-deux guerres, les temps héroïques de l'aviation, la création de Tempelhof, les nazis au pouvoir, la deuxième guerre mondiale, la chute du Reich, la guerre froide et le blocus, le Mur et sa démolition... Mais aussi la réception des stars du cinéma et de la musique de passage en ville car un peu de glamour ne peut pas faire de mal. Des projets ont été discutés mais à ce jour aucun n'a été retenu. A suivre.
Une pensée pour ma compagne, le fiston et une amie qui séjournent dans la capitale allemande.
Photo : FC Gundlach (1963)
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