On a souvent dit ou écrit d'Anita Pallenberg qu'elle fut la noire égérie des Stones et l'âme damnée de Keith Richards lorsque le guitariste se trouvait au plus sombre de sa période opiacée durant les erratiques 70's. Contrairement à ses contemporaines Marianne Faithfull et Nico aux discographies brillantes, Anita ne nous laisse pas grand-chose à l'exception de sa participation à
Performance et quelques seconds rôles avant une carrière de modéliste où elle sembla se réinventer, l'ex-égérie controversée devenue une grand-mère indigne. Un peu misogynes, les vieux fans des Stones adorèrent détester le mannequin italo-suisse allemand qui fut leur punching-ball préféré. Elle était superbe, d'une beauté insolente écrit Fabrice Gaignault*. Dotée d'une blondeur irradiante, elle traversait la vie avec un port de tête de reine en exil. On ne prête qu'aux riches, c'est bien connu, aussi c'est elle qu'on rendit responsable de l'addiction de Keith à l'héro. Entre nous, je pense qu'il n'eut besoin de personne pour piquer du nez dans la grande blanche. Anita était une femme cultivée et curieuse. Elle eut le courage et l'audace de vouloir vivre avec un jour d'avance à une époque, les années 60, où ses consœurs espéraient encore faire un bon mariage qui leur ouvrirait la route toute droite et balisée d'une existence conformiste. Elle rua dans les brancards et parvient à se glisser dans les loges des Stones un soir de 1965 à Munich où elle séduisit Brian Jones, le plus cultivé du groupe. Pour la suite, je vous renvoie aux bonnes bios des Stones, à l'essai enlevé de Gaignault et à l'autobiographie de Keith Richards. D'elle, je conserve un souvenir fugitif. 1974, j'avais 16 ans et j'assistais à la projection de
Pink Floyd à Pompéi au cinéma Voltaire de Genève. Quand les lumières se rallumèrent, un de mes copains fit "Vous avez vu, devant nous, il y a Keith et Anita... !" Ils étaient venus de Montreux où ils résidaient assister à la séance sans garde du corps et sans chichi. Sympathique.
On retrouve
Anita dans une séquence tournée à Cannes.
* Fabrice Gaignault,
Egérie sixties, rééd. J'Ai Lu, 2006. Un autre titre à emporter en vacances.
Photos : En Reine noire dans
Barbarella réalisé par Roger Vadim, Anita fut Pherber dans
Performance de Donald Cammell et Nicolas Roeg dont elle avait co-écrit le scénario sans en être créditée.
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