Dans la catégorie
Les grandes chansons qui (me) cassent en deux, cela faisait un moment que j'avais envie de déposer
I (Who Have Nothing) par The Sheltons qui enregistrèrent cette reprise à Albuquerque au Nouveau-Mexique en 1967. Leur interprétation m'émeut parce qu'elle résonne d'accents tex-mex et qu'elle baigne dans cette légère mélancolie qui imprègne tant de titres doo-wop et soul-pop*, ses petites imperfections la rendant plus touchante encore.
Comme souvent dans l'histoire de la pop, ce titre au destin transatlantique est le fruit juteux d'apports successifs, un patchwork musical élégant dont les 60's furent l'âge d'or. En 1961, le crooner transalpin Joe Sentieri enregistre
Uno dei tanti de Carlo Donida Labati (musique) et Giulio "Mogol" Rapetti (paroles) enrobé d'une production à rendre jaloux tout compositeur de b.o. pour western de la grande époque hollywoodienne. Le titre prometteur ne tombe pas dans l'oreille de sourds puisque la même année le grand Ben E. King grave sa version en anglais avec la complicité de Jerry Leiber et Mike Stoller sous le titre
I (Who Have Nothing). La reprise de Ben E. King fait un parcours honorable dans les charts rythm'n'blues US, sans plus, jusqu'en 1963 quand Shirley Bassey grave le titre et le transforme en standard absolu repris depuis avec des bonheurs divers par Tom Jones, Joe Cocker, Neil Diamond, Petula Clark, Roberta Flack, Gladys Knight, Al Kooper, Manfred Mann's Earth Band, Liza Minnelli, Dee Dee Warwick... Après avoir réécouté quelques unes des meilleures versions, je reste sur ma première impression : la plus émouvante est celle du groupe de doo-wop/R'n'B The Sheltons formé de Steve Lucero, George "Bud" Lucero, Robert Elks, Ray Avila et Toby Romero**.
* Par soul-pop, j'entends The Shirelles, The Cookies ou Martha Reeves & The Vandellas, tous ces merveilleux girls groups qui enchantèrent les charts de la fin des 50's au milieu des 60's.
**Certains exégètes affirment que le thème du super tube
Nights in White Satin des Moody Blues est étrangement proche de la mélodie de
I Who Have Nothing. C'est assez troublant.
Ceux qui nous quittent :
Avant de remonter au maquis, je souhaite rendre hommage à celle qui a défendu la glorieuse tradition soul/rythm'n'blues. Malgré son extraordinaire énergie vitale, Miss
Sharon Jones a été vaincue par le crabe. Elle nous a quittés il y a deux jours. Deux titres in memoriam, l'irrésistible
100 Days, 100 Nights et, dans le registre funk fusion,
Genuine PTS, I & II.
Afficher les commentaires