Une bonne surprise attend le lecteur de
Rock&Folk. Le numéro de mai contient un chouette article de Philippe Garnier consacré aux années punk à L.A. vécues par l'auteur. Le prétexte ? La sortie d'une compilation chez Soul Jazz Records,
Chaos In The City Of Angels and Devils regroupant les sonic boys & girls qui ont secoué la cité des anges à la fin des 70's. Extrait choisi du papier de Garnier :
Downtown, il y avait aussi l'Atomic Café, et l'inoubliable Al's Bar où j'ai passé mes meilleures nuits. Un vrai bar à artistes ouvert juste au bon moment avec juste le bon mix de misérabilisme, de drinks bon marché, et de table de billard bancale. C'est là que j'ai vu aussi tous mes groupes préférés du moment : Extreme, avec l'adorable Maicol Sinatra et leurs tubes zinzinants comme "Bloody Yellow" ou "Mister Moto"; Human Hands (dont le batteur Dennis Duck formera plus tard le fleuron du Paisley Revival Dream Syndicate), Nervous gender, B-People. Et Al's Bar était assurément plus vivable comme antre, qu'on soit ici pour le billard, les filles ou la bière bon marché, que les autres clubs comme L'Anti-Club sur Santa Monica, le ON Club sur Sunset près de chez moi. (...) Il y avait beaucoup de filles dans les groupes : la gironde et dévergondée Diane Chai, qui tenait la basse pour les Alley Cats, Exene dans X, les Go-Go's, les deux filles des Bags, Alice et Pat bags, dont une se joindra au batteur des Bags pour jouer derrière Jeffrey Lee Pirce et le Gun Club. Pat (Morrison) rejoindra même les Damned, et épousera Dave Vanian ! C'était pousser le pédigrée un peu loin. Garnier rappelle aussi un phénomène social indissociable du punk rock. Dans l'histoire de la pop culture, ce fut sans doute le dernier moment où un véritable melting pot eut lieu. Des gars et des filles d'horizons, de formations et d'opinions variés se rassemblaient dans les bars, les clubs improbables cités dans son article et les endroits des villes où l'on ne fait que passer, les parkings, les salles d'attente ou les halls de supermarchés.
Jamais la ville n'a connu un si complet brassage social et culturel. Je me souviens d'une nuit, à une party privée devant la galerie de Steve Samioff sur Larchmont et Melrose, de deux distributeurs de saké (chaud et froid) devant lesquels discutaient un avocat, un peintre ultra connu dont je ne me souviens plus (Billy Al Bengston ?), deux ouvriers de la voirie municipale, un ancien videur du Whisky, et l'incontournable Claude Bessy qui (...) présidait aux destinées de Slash magazine. (...) Comme la plupart des nuits, tout se passait dans les parkings, on se souciait rarement de voir jouer les groupes. Ça
se passait à L.A. mais aussi à Londres, Berlin ou Genève. C'était ça le truc le plus excitant provoqué par le punk rock. Des gens que tout opposait se parlaient, se saoulaient et parfois même montaient des groupes. Rien que pour cette possibilité, l'affaire valait d'être vécue.
PS : Pas de titre ? Non, car comme l'écrit Garnier,
les disques n'ont jamais été le truc du punk, et surtout pas du punk angeleno. Même quand on les achetait (...), on ne les écoutait pas. Et on ne va pas commencer maintenant.
Photo : L.A's Fog - Los Angeles Examiner Collection.
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