
Nick Cave sait ce qu'il doit à Johnny Cash, Elvis Presley, Leonard Cohen et au punk rock. Ces bonnes influences finement intégrées participent depuis plus de trois décennies à la création d'une œuvre et d'une attitude singulières car profondément originales - j'ai failli écrire originelles - dans une époque où le gimmick habile tient lieu de sésame pour le succès. Issu de la génération qui eut vingt piges entre 1976 et 1980, il a toujours reçu l'époque avec un jour d'avance. C'est le privilège des guetteurs et des grands passeurs. Sur scène, Nick le showman droit dans ses bottes sait encore invoquer le fantôme élégant et goguenard du rock'n'roll* pour qu'il secoue durant deux heures cette post-modernité "ectoplasmique" dont il a appris à moquer les appâts grossiers ou plus subtils. J'ai mis du temps pour comprendre que malgré les antécédents punky destroy (dope) et contrairement à ce que son look de prêcheur échappé d'un bordel sur la frontière pourrait laisser croire, Nick est un artiste profondément moral. Est-ce la discipline exigeante de la musique de film qui lui a appris à tempérer le climat de ses compositions ? Sans doute, l'âge aussi. La cinquantaine curieuse et disponible, il sait pratiquer l'humour dans son rapport aux autres et paraît bien plus détendu qu'à l'époque où je l'ai rencontré comme en témoigne l'interviouve publié dans le dernier N° de Rock&Folk. Savoir vieillir avec humour est une faveur divine.
Son talent de songwriter intact, il a sonné le rappel des Mauvaises Graines pour composer un album fort, beau et empreint de sérénité (si, si),
une plaque pour nous aider à supporter cette fin d'hiver.
* Mais aussi ceux du blues, du gospel, de la country...
Ajouter un commentaire