
Avant de glisser dans la nuit, il faut toujours (se) poser LA question:
Hé, Who Do You Love... Who Do You Love ?
USA, mid-sixties : des milliers de guitaristes débutants à travers tout le continent nord-américain veulent imiter le jeu du grand Bo tout en cherchant à sonner comme les groupes du british beat : les Stones, The Kinks, Them, etc., qui eux-mêmes pompent joyeusement et ouvertement les riffs de l'homme au chapeau noir*. Ces jeunes Américains inventent, sans plans de carrière ni campagne de promo, un genre neuf : le rock psycho-punk dont le standard de Diddley était un des hymnes de ralliement. C'est ainsi que
Who Do You Love fut aussi repris par The Preachers (1965) sur la compilation
Pebbles volume 1, une bonne cover à écouter :
The Preachers* Link Wray puis Chris Spedding, deux "mercenaires" de la six cordes très doués capables d'atteindre l'épure rock and roll, ont perpétué l'hommage à Bo Diddley durant deux-trois décennies. Les Cramps aussi reconnaissent être ses débiteurs.
******
Je ne suis pas trop friand de compilations, mais quand la sélection des morceaux est pertinente, je me laisse tenter; elles évitent des recherches fastidieuses, surtout pour retrouver un ou deux morceaux intéressants dans une discographie pouvant compter plusieurs albums souvent rares, donc chers et pas toujours indispensables. Les compilations de hits des bonnes maisons sont agréables pour les parties. J'ai acheté celle qui a été éditée l'an dernier à l'occasion du 50e anniversaire du lancement de l'aventure
Stax, le défunt label basé à Memphis qui signa quelques uns des meilleurs artistes soul/funk entre la fin des années 50 et le milieu des 70's, l'âge d'or de la soul music et du funk avant que le disco ne déboule pour envahir les pistes de danse et les rêves de blé de producteurs et de musiciens séduits par cette opportunité d'un crossover populaire vers le public blanc. La disco brouilla fâcheusement les pistes en faisant plonger certaines pointures dans la fabrication de tubes, sacrifiant au dieu dollar sous la grosse boule-à-facettes le groove et leur âme... La semaine dernière, Arte a rendu un bel hommage à Stax en diffusant
Wattstax (USA, 1972), le film-témoignage bourré de VRAI groove et de fierté noire. Le set de Rufus (Thomas), jamais ridicule en costard veste-gilet-bermuda (!) rose bonbon avec bottes blanches à zip, qui envoie un
Do The Funk Chicken vite transformé en super happening funky, est un pur moment de bonheur. Je cherchais justement une compilation
Stax contenant les grands hits entendus dans le doc'* et d'autres perles; j'ai trouvé
Stax - 50th Anniversary Celebration un double CD avec petit livret informatif.
Le casting du coffret (fiche en français)
Un extrait :
The Bar-Kays avec Son Of Shaft et sa guitare rythmique infernale.
*Il existe un album de la B.O.
Wattstax, mais je voulais aussi d'autres morceaux historiques du label.

Rufus : jamais ridicule et en haut : The Bar-Kays, Sons of Funk © Mission
Afficher les commentaires