
Les révoltés des journées de mai 68 eurent une vraie chance, celle d'avoir en face d'eux le préfet de police
Maurice Grimaud.* Ce serviteur de l'Etat subtil était un fin lettré doublé d'un passionné d'art contemporain. En bon connaisseur de dada et du surréalisme, il sut prendre la mesure réelle d'événements qui étaient bien davantage l'expression libertaire d'un besoin d'expression que les prémices de l'insurrection introuvable - et pour cause - qu'on cherche à nous refourguer depuis bientôt 40 ans. (La panique chez les barons gaullistes au plus fort de la crise est un des grands moments "hellzapoppiniens" de la république gaullienne.) Au final, s'il y eut des blessés - parfois sévèrement - dans les deux camps, aucun mort ne fut à déplorer, cela en grande partie grâce à la gestion habile du préfet Grimaud.
Les éditions Tallandier publient ces jours-ci
Je ne suis pas né en mai 68 - Souvenirs et carnets (1934-1992) qu'elle présentent ainsi :
Le nom de Maurice Grimaud est attaché aux journées de Mai 1968. De fait, le préfet de police fut alors l’une des pierres angulaires de la république qui vacillait. L’agenda quasi quotidien qu’il a tenu cette année-là et qu’il livre ici intégralement donne la mesure d’une lucidité et d’un sang-froid développés au long d’une existence originale et d’une carrière exceptionnelle, qui l’ont conduit de la khâgne du lycée Henri-IV et de la fréquentation des écrivains jusqu’à la direction du cabinet de Gaston Defferre, ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation dans les années décisives de 1981-1983. Quel que soit le poste qu’il a occupé, Maurice Grimaud s’est toujours signalé par une certaine idée de la personne humaine et par un goût affirmé de la chose écrite. Et comme il a connu beaucoup de ce qui a compté, de la fin de la IIIe République jusqu’aujourd’hui, son récit, nourri de portraits, d’anecdotes et de réflexions, constitue, comme l’écrit Michel Winock, « une source précieuse de notre histoire contemporaine », tout comme un grand morceau de littérature.Maurice Grimaud n'était pas tombé de la dernière pluie... de pavés.
*On n'ose pas imaginer les ordres d'un Maurice Papon qui le précéda à ce poste sensible.
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